Bientôt les européennes…

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po


L’agenda européen ne désemplit pas. Les députés tchèques ont enfin ratifié le traité de Lisbonne. Et désormais on fourbit ses armes au sein des états-majors politiques, la perspective des élections au Parlement européen se rapprochant à grand pas !

Elles se préparent même déjà depuis de longues semaines au sein des commissions électorales des différents partis politiques. Elles y font, sans doute en permanence, l’objet d’âpres négociations et de jeux de coudes sans ménagement afin que les uns et les autres puissent se voir octroyer une position éligible sur les listes des huit grandes circonscriptions françaises. L’opinion publique imagine aisément les luttes d’influences larvées qui doivent se jouer dans l’ombre, phénomène récurrent de la vie des partis.

Elles se préparent également au sein du parti présidentiel et majoritaire, faisant sourire cette fois l’opinion publique. Mais ce sourire peut légitimement prendre l’aspect d’une grimace, tant les mouvements d’échiquier décidés par le Président de la République et les dirigeants de l’UMP ont quelque chose de désespérant. Certes, on ne peut nier à Nicolas Sarkozy d’avoir développé une fibre europhile durant ces derniers mois, ni d’ailleurs d’essayer d’envoyer au front certaines « étoiles » gouvernementales. Mais ce qui prête à sourire, et ce qui dérange, c’est de voir à quel point lesdites étoiles rechignent lamentablement à prendre le train de Strasbourg. Que Rama Yade ait fermement refusé de prendre la tête d’une des listes de l’UMP et que Rachida Dati n’ait accepté que de mauvaise grâce de prendre place sur ces listes, autant dire le couteau sous la gorge, est significatif. Ces attitudes ne sont pas seulement symptomatique du peu de sens des responsabilités de certains leaders de l’UMP, non, cela est plus largement symptomatique du manque de considération navrant de la fonction de député européen au sein de la classe politique française.

Même au sein de notre parti, pour un Michel Rocard exemplaire qui renonça en 1994 à son confortable fauteuil de sénateur pour s’en aller siéger à Strasbourg, combien d’autres n’ont-ils faits ou ne rêvent-ils pas de faire le chemin inverse ? De même sur l’autre bord, pour un Michel Barnier dont on reconnaît l’engagement européen, on trouve deux égéries de la sarkozie peu enthousiastes à l’idée de se résoudre à ce qu’elles semblent toutes deux considérer comme un exil lointain. D’ailleurs si la seconde position sur les listes UMP de l’Ile-de-France a été au final proposée à Mme Dati, c’est bien pour pousser celle-ci hors du gouvernement. Exilerait-on encore aujourd’hui les disgraciés et autres retraités de la vie politique française loin de Paris, à Strasbourg, à l’instar du bannissement des Romains hors de Rome ?

Ce premier constat est infiniment regrettable appelle très naturellement à un changement des mentalités. Quand cesserons-nous de raisonner en jacobins hexagonaux ? Si il peut paraître naturel que nos principaux adversaires, héritiers du gaullisme, répugnent à s’investir dans l’Union, cela ne serait pas admissible chez les héritiers de Delors, et cela d’autant plus que la place occupée par les politiques communautaires est devenue aujourd’hui primordiale dans la vie des Français.

Les élections se préparent enfin à l’extrême-gauche. Au cours des semaines passées, le paysage morcelé de la kyrielle de mouvements épars, «trotskistes, socialistes, communistes, libertaires, guévaristes» ainsi que les a énumérés à cette occasion Olivier Besancenot, a amorcé dans l’optique des européennes de juin une tentative d’union, d’aucuns diront de réunion, pour autant que ces mouvements aient jamais été unis. La question que tous, à gauche, nous nous posons est naturellement celle de la nouveauté de ce « Nouveau Parti Anticapitaliste », qui actuellement reprend surtout les anciens thèmes et les anciens militants de la LCR. Va-t-il réussir à fédérer la ribambelle d’autres mouvements qui composent le paysage de l’extrême-gauche française, tels Lutte Ouvrière, le Parti Communiste ou le Parti de Gauche ? La plupart se sont toujours positionnés de telle manière qu’ils ne puissent exercer ou être associés à des responsabilités gouvernementales, qu’ils seraient d’ailleurs bien en peine d’assumer.
Au-delà du programme, sur lequel, cela est naturel, les sociaux-démocrates trouveraient sans doute beaucoup à redire, l’union de l’extrême-gauche ne lasse pas d’inquiéter. Elle atteindrait 16% des intentions de votes selon un récent sondage Ifop-Match. Si une extrême-gauche morcelée ne peut prétendre à envoyer un député à Strasbourg, le seuil de 5% des voix au sein d’une circonscription aidant, l’émergence d’un « front de gauche » contestataire et populiste pourrait changer la donne. L’envoi de députés issus de ces mouvances, qui viendraient s’ajouter aux 10-15% attendus de l’extrême-droite ne ferait rien pour rendre les 72 députés français crédibles vis-à-vis de nos voisins…

Ce second constat appelle donc à une grande vigilance de la gauche plus modérée, nous dirons à vocation gouvernementale. Il s’agit non seulement de ne pas se laisser entrainer par une surenchère populiste irresponsable mais également de veiller à ce que les courants du Parti socialiste restent unis autour de leurs valeurs communes, que le PS lui-même réussisse à fédérer autour de celles-ci ses alliés naturels et indispensables. Surtout, nous devons faire comprendre aux Français l’enjeu fondamental de ces élections pour les citoyens de l’UE, et l’absurdité qu’il y aurait à les instrumentaliser comme exutoire extrémiste du mécontentement national, pour sa part légitime, vis-à-vis des politiques de l’actuel gouvernement.

Simon G.

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P
j'ai repris le lien de votre article sur mon blog<br /> à plus
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T
Comment des étudiants en sciences po peuvent ils classifier le PCF ou le PG dans l'extrême gauche??? Un peu de sérieux voyons!! Je sais bien que vous êtes jeunes mais quand-même!!<br /> <br /> Par ailleurs vous auriez tord de sous-estimer la nouveauté que représente le NPA (d'extrême gauche lui) qui risque effectivement de chambouler pas mal le paysage politique... (et qui a déjà commencé, en provoquant notamment la sortie du PG)
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