Brèves de campagne : Ségolène Royal(e) à Metz !
1. L’intox permanente : je suis arrivé très tôt hier au meeting, me disant qu’il y aurait sans doute beaucoup de monde et voulant à tout prix être en bas, ne serait-ce que pour vous apporter de belles photos.
- J’aurais pu pourtant en douter. La grande presse quotidienne régionale (PQR), notamment le grand Républicain Lorrain laissait sous-entendre dans ses colonnes que le meeting n’aurait finalement pas lieu, que Ségolène Royal allait l’annuler… On parle souvent de la façon dont Ségolène Royal est « traitée » dans les grands media, mais je peux vous assurer que de ce point de vue-là, la PQR n’est pas en reste… alors qu’elle est extrêmement lue en province !
- Malgré cela, vers 18h30, on sentait bien que la salle était déjà très remplie (entre 4500 et 5000 personnes) mais qu’elle pouvait encore accueillir quelques centaines de militants, de sympathisants, de curieux. C’est alors que le service de sécurité, placé sous les ordres de la Mairie de Metz, a décidé de ne pas laisser rentrer les personnes restantes, pour des « raisons de sécurité ». La « fosse » était donc clairsemée vers l’arrière, pas juste autour du pupitre où la température était, je vous l’assure, très élevée ! Petit arrêt sur la Mairie de Metz, à la tête de laquelle se trouve M. Jean-Marie Rausch. Celui-ci pourrait parfaitement être un futur Ministre de Bayrou, étonnant qu’il ne se soit pas encore rallié d’ailleurs… Ce serait un nouveau soutien de qualité… M. Rausch a été Ministre d’un gouvernement de gauche puis de droite, il s’est allié à la gauche puis à la droite dans ses fonctions municipales… en menant une politique tout à fait incohérente, uniquement tourné vers ses ambitions personnelles. Indécrottable, il monnaie désormais sa succession, en attendant certainement, tel Bayrou de savoir qui de la droite ou de la gauche gagnera. Mais actuellement, M. Rausch est de droite et a donc voulu donner l’impression que Ségolène Royal ne rassemblait pas tant que cela, en limitant l’accès à la salle, ce qui est d’autant plus incohérent que les personnes ont pu finalement rentrer à la toute fin du meeting ! Trop tard ou plutôt bien joué, M. Rausch et les édiles locaux de l'UMP, les meilleurs d'entre-eux d'ailleurs (François Grosdidier notamment, Jean-Louis Masson, Marie-Jo Zimmermann...) ! Du coup, l’AFP, aux ordres, et reprise par de très nombreux journaux publiait cette dépêche hallucinante : « Dans une salle qui, pour une fois, n’était pas comble »… alors que des centaines de personnes attendaient dehors !!!! Et la journaliste de l’AFP était pourtant dans la salle quand Arnaud Montebourg dénonçait l’ « accueil honteux » qu’ils avaient reçu ici, qu’il n’avait « jamais vu [ailleurs] dans la campagne », quand Ségolène Royal elle-même regrettait cet incident et s’excusait auprès des personnes restées dehors ! Mais pourquoi la journaliste de l’AFP a-t-elle alors maintenu ces propos dans la dépêche, en sachant que tout le monde allait reprendre cette info ? Je vous laisse juge.
2. L’afflux massif de militants : la France Présidente était présente dans la salle ! Je sais que c’est la magie des meetings mais quand on a connu d’autres campagnes, on a la possibilité de comparer. Les salles à moitié vide de 2002, l’enthousiasme moyen lors des meetings… et pourtant on était sûrs d’être au deuxième tour ! Cette fois-ci, à chaque fois, un public très divers composé aussi bien de très nombreux étudiants que d’ouvriers, de cadres, de retraités… tous enthousiastes, tous sûrs également de la victoire.
3. Une candidate et une équipe époustouflantes ! C’est d’abord le président de l’université de Metz qui a témoigné (un pur produit de la réussite républicaine, d’abord ouvrier, puis chef d’entreprise, enfin ethnologue puis président d’université) qui a travaillé à l’élaboration des propositions de la candidate en matière d’éducation (autonomie relative des universités, rénovation confiée aux régions…) qui apporte tout son soutien à notre candidate avant la championne du monde de boxe, Anne-Sophie Mathis. C’est ensuite au tour de Michel Dinet (président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle) et à Jean-Pierre Masseret (président du Conseil régional de Lorraine) de rappeler la différence entre la gauche et la droite, de se rappeler où le choix doit être fait, dans une région où les conséquences d’une politique de gauche et de droite sont particulièrement visibles. Demandez aux mineurs, aux sidérurgistes ! Puis vient Arnaud Montebourg, plus en forme que jamais, qui rappelle la supercherie de l’antienne sarkozyste du « Travailler plus pour gagner plus » avant de rappeler les socialistes à l’Histoire, de l’ « amour » de la droite pour les ouvriers, à condition qu’ils soient « bien saignants » (Clémenceau), sans parler de la fraude organisée au plus haut niveau de l’Etat que souhaite organiser l’UMP (Carignon, Balkany, Longuet…).
Et enfin, Ségolène Royal, acclamée par la foule, qui parle tout d’abord de son retour « au pays » en évoquant la Lorraine parce que sans la Lorraine (Chamagnes, Epinal puis Nancy), elle ne serait pas devant nous, ce soir. Parce que la Lorraine garde du même coup une place particulière dans son cœur, qu’elle a cimenté son engagement. Dans une région où l’identité est assez faible, parce que peu reconnue, voire moquée (comparé à la Bretagne par exemple), je peux vous dire que ces quelques mots ont touché les Lorrains évidemment très représentés. Et l’émotion de Ségolène Royal n’était pas feinte, parce que l’on sait qu’elle ne se voyait pas Présidente de la République toute petite, que c’est sa singularité et sa forte compréhension des enjeux de notre société qui l’ont conduite ici, ce jour, devant près de 6000 personnes, sans que rien ne lui soit donné au départ, ou plutôt alors que tout lui était interdit au départ (de travailler tout simplement).
Elle revient ensuite sur la « force sereine » qu’elle compte incarner, en revenant point par point sur les mesures qu’elle propose dans son pacte présidentiel, sur son respect de l’indécision des Français, qui ont un choix d’une extrême importance à faire. Mais elle est tout aussi persuadée de sa capacité, de notre capacité à les convaincre, parce qu’elle incarne un renouveau et répond à la volonté de changement de très nombreux Français, loin de la continuité dans la brutalité de l’autre camp. Avec Nicolas Sarkozy, « tout est possible, même le pire » a souligné à plusieurs reprises Ségolène Royal.
4. La stature d’une future chef d’Etat : elle évoque enfin et surtout sa vision de la politique internationale, qui est l’une raisons pour lesquelles Jean-Marcel Jeanneney, l’un des plus proches Ministres du général de Gaulle et responsable des réformes les plus ambitieuses du général (voir le lien : http://www.charles-de-gaulle.org/article.php3?id_article=923), considère, après avoir notamment lu l’ouvrage Maintenant de Ségolène Royal : « Cela dit – et sans vouloir vous écraser sous une telle référence en vous assimilant à cette très haute figure – j’ai le goût de vous dire que je constate d’assez nombreuses analogies entre ses idées et les vôtres, telles qu’elles apparaissent au long de vos trois centaines de pages. D’abord le volontarisme politique, puis l’attachement à la nation, à son passé et à son avenir, comme fondement nécessaire aux solidarités entre les individus vivant sur son sol ; la prise en compte des aspirations populaires mais sans soumission systématique à l’opinion ; l’idée, que de Gaulle énonça dès mars 1968 dans un discours à Lyon, que les activités régionales sont les ressorts de la puissance économique de demain ; encore, le fait que la France, dans un mode menaçant, ne doit pas renoncer à une puissance militaire forte ». Personnellement, comme Ségolène Royal par ailleurs, je ne jette pas « tout ce qu’a apporté Mai 1968 par pertes et profits » et je sais que les socialistes ont en leur temps, pour des raisons légitimes, combattu certaines idées du général de Gaulle mais je considère qu’un homme de 97 ans, tellement fidèle au général de Gaulle qu’il n’en a jamais soutenu ses prétendus héritiers, et surtout ayant mis en œuvre les meilleures idées du général, celles qui fondent aujourd’hui notre modèle social, apporte son soutien à Ségolène Royal, c’est quelque chose qui compte.
- Pour revenir aux déclarations de Ségolène Royal, et cela confortera J-M Jeanneney, Ségolène Royal a continué d’affirmer que la France continuera à exprimer sa voix, sans arrogance mais en ne s’excusant pas de garder son cap et son indépendance. La France ne s’accusera pas d’arrogance à l’étranger quand elle a été juste (cf position sur la guerre en Irak). La France sera forte quand il s’agit d’être intransigeant, comme avec l’Iran, où la position française a très longtemps louvoyé et où, on le voit ces derniers temps, une politique trop conciliante (en raison de nos intérêts économiques sur place : Renault, Peugeot, Total…) empêche de s’exprimer fermement ! Sur ce point, et en plein accord du TNP, Ségolène Royal a toujours eu raison !
- Concernant les Etats-Unis, contrairement à certaines reprises de journaux (une fois de plus), elle a dit clairement qu’elle n’irait pas serrer la main de George W Bush en ne lui faisant pas part de ses désaccords stratégiques, comme le fait par ailleurs Mme Merkel (est-elle arrogante pour autant ?) ;
- De la même façon, sur la Russie, elle a évoqué à nouveau Anna Politovskaïa mais aussi la Tchétchénie et a adopté la même position ferme sur la défense des libertés en Russie tout en étant consciente de la nécessaire défense des intérêts de la France. Ellee entend affirmer sa nouvelle conception de la relation franco-russe dès le Conseil UE/Russie du 18 mai 2007 ;
- Sur l’Europe enfin, elle a précisé à nouveau, dans cette région très marquée par le « non » en 2005 alors que la Moselle en particulier est une région qui vit l’Europe au quotidien (près de 200 000 travailleurs frontaliers français au Luxembourg comme en Allemagne). Et elle a cité dans le cadre de l’ « Europe par la preuve » la nécessité de la mise en place de ces « coopérations renforcées » au niveau local qui font vivre le projet européen comme celle de l’Euro-région Lorraine-Sarre-Luxembourg. Et en donnant plus de force aux régions, Ségolène Royal compte bien renforcer ces démonstrations de la réussite du projet communautaire sur le terrain. Elle a bien sûr insister à nouveau sur l’abandon du « dogme de la concurrence » qui a abouti en Lorraine par exemple à des découpages honteux de notre fleuron Usinor-Sacilor (maintenant groupe Arcelor-Mittal). Elle a parlé beaucoup plus longuement mais je vais publier d’ici peu un post plus long sur la politique internationale de Ségolène Royal.