Réconcilier les Français avec l'entreprise
De fait, la récente étude TNS-Sofres démontre que seuls 4 Français sur 10 font confiance à leurs supérieurs hiérarchiques, leurs chefs d’entreprise en particulier, ce qui représente une baisse de 13 points par rapport à 1993, sans parler du sentiment de défiance encore plus fort à l’égard des actionnaires (seuls 21% des Français leur font confiance). Les raisons de cette défiance sont clairement identifiées : il s’agit tout d’abord, pour plus de 40% des personnes interrogées, des délocalisations, des salaires excessifs des dirigeants et enfin des licenciements.
La technique habituelle du candidat Sarkozy est de dresser une catégorie de Français contre l’autre. Il y est arrivé et de belle façon dans les rapports entre la police et les Français, il y est parvenu également dans les relations entre les chefs d’entreprises et leurs employés.
Ségolène Royal fait le pari inverse. Forte du constat de défiance, Ségolène Royal veut mettre en œuvre une véritable réconciliation. Celle-ci constituera d’ailleurs l’un des piliers fondamentaux de la relance de la croissance. Ségolène Royal le précise aux créateurs, aux chefs d’entreprise : « il faut en finir avec l’idéologie punitive du profit, tant que celui-ci est correctement gagné et justement redistribué ». Ségolène Royal choisit donc de rééquilibrer le rapport salarié-employeur en offrant la sécurité au salarié tout en donnant aux entreprises l’agilité dont elles ont besoin. Ce rééquilibrage permettra de redéfinir les bases de notre démocratie sociale et de faire en sorte que la performance économique ne soit plus dissociée du progrès social mais que les deux s’alimentent l’un l’autre.
Cette conciliation entre sécurité des salariés et agilité des entreprises est la marque de l’ensemble des mesures proposés par Ségolène Royal. On retrouve ainsi ces idées dans les cinq principaux piliers de ce nouveau « deal » que Ségolène Royal souhaite définir avec les entreprises :
1. Un programme fondé sur une meilleure utilisation des fonds publics, sans dépenses supplémentaires : tous les économistes, de toutes sensibilités, le reconnaissent, le programme de Ségolène Royal est certainement le plus novateur en la matière depuis longtemps. Les 65 milliards d’€ accordés aux entreprises sans conditions de taille, de chiffre d’affaires sont d’une inefficacité économique terrible. Ségolène Royal propose de ce fait deux choses :
- concentrer les aides sur les PME (pour l’instant, elles ne bénéficient que de 9% du total des aides) qui sont les plus créatrices d’emplois (en outre, moins délocalisables). Non seulement les PME seront aidés par l’intermédiaire de ces financements publics mais l’Etat leur réservera une part des marchés publics (mise en place d’un Smal Business Act) et mettra en place des fonds régionaux de participation qui pallieront les défaillances des banques en la matière ;
- responsabliser les entreprises : si les entreprises profitent de ces aides publiques avant de délocaliser ou de remettre en cause leurs activités, l’ensemble de ces aides devront être remboursées.
3. La formation, atout pour l’entreprise comme pour le salarié : les licenciements ne seront pas interdits mais ils seront évités dans la mesure du possible. L’association des salariés aux décisions de l’entreprise permettront de mieux leur faire comprendre la nécessité ou non de partager aux besoins d’agilité de l'entreprise. De l’autre côté, la sécurité des salariés est assurée par la mise en place de la sécurité sociale professionnelle. Celle-ci permettra d’assurer une rémunération pendant un an, égale à 90% du dernier salaire net perçu et de proposer aux salariés licenciés une formation qualifiante et une aide personnalisée à la recherche de l’emploi ;
- sécurisation du parcours des jeunes créateurs en leur fournissant une aide juridique mais aussi en leur proposant un mécanisme de cautionnement mutuel pour leur éviter la faillite personnelle ;
- mise en place de bourses-tremplins de 10 000 Euros pour les projets de créateurs d’entreprises (déjà expérimenté avec succès dans les régions) ;
- incitations fiscales à la mise en place de pépinières d’entreprises autour des campus universitaires, taux d’impôt sur les sociétés plus faible en cas si investissement productif au lieu de redistribution sous forme de dividendes
5. Le maintien d’une industrie forte, le pari de l’innovation :
- l’Agence nationale de réindustrialisation sera mise en place, afin de fédérer tous les organismes actuellement chargés de cette mission. Leur mission, en appliquant les mesures pré-citées sera d’enrayer la désindustrialisation du territoire, en pariant sur la haute valeur ajoutée ;
- le collectif Sauvons
De manière générale, les mesures du pacte présidentiel sont approuvées par 76% des Français (enquête BVA) contre seulement 64% pour celles de N. Sarkozy. Mais elles sont surtout approuvées des deux mains par les principaux concernés : les chefs d’entreprise ! Hier, à Paris, se sont réunis de très nombreux chefs d’entreprises responsables pour dire tout le bien qu’ils pensaient des mesures du pacte présidentiel de Ségolène Royal. Tous ces chefs d’entreprises ont exprimé leurs convictions de managers : « c'est dans une entreprise pacifiée que l'on peut le mieux travailler » et que « la création ne peut se développer que dans un paysage socialement apaisé ». Parmi eux, on compte notamment Philippe Lemoine, Coprésident des Galeries Lafayette et président de Laser. Mais aussi et surtout de très nombreuses entreprises innovantes, du secteur des hautes technologies. « Dans une entreprise, on ne peut pas créer de la valeur si on ne s'appuie pas sur des valeurs », affirme Stéphane Distinguin, président de Silicone Sentier et de Faber Novel. Dirigeant de Fon France, une société de logiciels, Jean-Bernard Magescas ne veut pas, lui, "de l'air vicié d'un gouvernement par le conflit qui va dresser les Français les uns contre les autres." Fabienne Servan-Schreiber, présidente de Cinétévé, estime que les mesures de Mme
Le socialisme moderne,
Jonathan Gindt