Wikileaks : l’avocat de la liberté totale d’information, bientôt derrière les barreaux ?

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po


Le responsable de Wikileaks Julian Assange a été arrêté mardi à Londres à l'aide d'un mandat délivré suite à des accusations de viol en Suède. Les commentateurs n’ont pas manqué de faire le lien avec l’ampleur qu’ont pris les révélations des documents diplomatiques  américains, et voient dans l’affaire une pression des États-Unis.

Assange a été arrêté en se rendant à une convocation de la police britannique, à Londres ce mardi. Parallèlement à son arrestation, les comptes de Wikileaks (réunis pour son fonctionnement et sa défense) ont été gelés par la banque suisse qui les hébergeait sous prétexte qu'Assange n'habite pas en Suisse. Il est bien connu que seuls les résidants suisses peuvent y déposer de l’argent… D’autre part il apparaît que l’affaire de viol ayant eu lieu en Suède, qui a commencé en juillet dernier, et qui était connue ces dernier mois n’est devenue une véritable priorité que depuis la publication massive de télégrammes diplomatiques américaines partout dans le monde, et qui a suscité un large battage médiatique ces derniers jours.

 

Wikileaks est sous le feu des attaques depuis quelques jours, lâché par Amazon qui l’hébergeait, et Paypal qui permettait de le financer, Wikileaks avait été attaqué par des milliers de nano-attaques qui ralentissaient sont débit. Le site avait été défendu par des milliers de sites miroirs qui permettaient de continuer à y accéder. 


Le ministre américain de la Défense, Robert Gates, a fait part de sa satisfaction après l'arrestation de Julian Assange. Les Et"ats-Unis veulent faire extrader Assange pour divulgation de documents confidentiels. Cela nuirait pourtant aux Etats-Unis que toutes les révélations intervenues jusque-là, estime le quotidien de centre-gauche Berliner Zeitung : "Les Etats-Unis trahissent l'un de leurs mythes fondateurs : la liberté d'information. Ils le font au moment où, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, ils risquent de perdre la suprématie sur l'information mondiale. … On peut non sans ironie rappeler qu'au début de l'année encore, lors d'un congrès à Washington, Hillary Clinton utilisait la doctrine de la libre circulation de l'information pour condamner la censure Internet en Chine et en Egypte. Elle citait le président Barack Obama qui avait justifié la nécessité d'un Internet libre en Chine, en expliquant que cela aidait les citoyens à responsabiliser leur gouvernement, permettait de générer de nouvelles idées et favorisait la créativité. En procédant ainsi contre Wikileaks, les Etats-Unis viennent de se priver du moindre droit de demander des comptes à la Chine et à d'autres, pour la persécution d'activistes d'Internet.

Julian Assange avait demandé la nationalité Suédoise pour être protégé grâce à des règles plus libertaires et strictes sur la liberté de la presse et d’information. Ironiquement, c’est dans pays que Assange est aujourd’hui accusé. "Il est peut-être entièrement innocent des accusations suédoises de viol, d'agression sexuelle et de coercition sur deux femmes » Titrait le Times (Londres). Assange restera en détention jusqu'au 14 décembre. Mais il est ridicule de crier au déni de justice. Les autorités suédoises ont lancé la procédure. Si Assange veut que justice se fasse, il doit accepter le fonctionnement du système judiciaire. Il ne faut pas en faire le martyre d'une sombre affaire, qui n'a rien à voir avec la liberté d'expression.

Reste à voir où ira cette histoire et si les États-Unis attaqueront Assange pour divulgation de documents confidentiels. Une nouvelle page de liberté de la presse s’ouvrirait.

Lucile Chneiweiss

Publié dans International

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