Du boulot pour l'éducation nationale
Fillon a présenté son nouveau gouvernement. Nous voilà rassurés, ou presque... car Darcos a du pain sur la planche : il s'agit d'apprendre à MM. Fillon et Sarkozy à compter. Ou de leur donner des cours de fraçais accélérés. Compte tenu de leur niveau, il va falloir une armée de profs, ou admettre l'utilité des répétiteurs...
Sarkozy l'avait pourtant promis : "Si je suis élu, mon gouvernement sera limité à 15 ministres pour être plus efficace." Objectif tenu. Formmellement, du moins.
Le précédent gouvernement "Fillon I" comptait 20 membres : 15 ministres, 4 secrétaires d'Etat, un Haut commissaire. Le nouveau, "Fillon II", en rassemble 32 : toujours 15 ministres, bien entendu, et malgré un jeu de chaises musicales étrange, mais également 16 secrétaires d'Etat et un Haut Commissaire.
Mais à ce compte, pourquoi 15? Pourquoi pas 10, ou 5? Parce que si quelqu'un parvient à m'expliquer en quoi l'activité d'un secrétaire d'Etat diffère de celle d'un ministre, j'en serai enchanté. Comment par exemple se fera la répartition des tâches entre Mme Bachelot (ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports) et M. Laporte (futur secrétaire d'Etat à la Jeunesse et au Sport, apperçu hier à la bibliothèque des ministères sociaux)?
On notera d'ailleurs que le gouvernement Villepin ne comportait, lui, que des ministres et des ministres délégués. Il y avait, déjà, 15 ministres, et 15 ministres délégués. Soit 30 personnes. Alors tout ça se sont des mots, du vent? Pas possible... A moins que : bien sûr, M. Villepin avait tout simplement moins d'amis à caser (c'est sur que "l'ouverture" ca crée des remous).
Ou alors, si le secrétaire d'Etat n'a vocation qu'à être un porte-parole ou un super chef de cabinet, sans pouvoir de décision, très bien, mais pourquoi alors se limiter à 16? En mettre 30, ou 60, pourrait rendre le gouvernement plus efficace, sans doute aucun.
Sauf erreur de ma part, le gouvernment Jospin I comptait au total 26 membres, et seuls quelques ministres étaient assistés de (plusieurs) "ministres délégués - secrétaires d'Etat".
Chacun en tirera les conclusions qu'il veut...
Au passage, notre PDLR nous avait promis un gouvernement paritaire. Résultat? 21 hommes contre 11 femmes - dont 7 ministres...eh oui on atteint presque, parmi les ministres, les 50% : leçon magistrale de l'art de tenir ses promesses sans les respecter. Si la force des choses fait que Sarkozy a du s'entourer de personnalités aguerries - donc bien entendu compétentes - , après tout, pourquoi pas? Quelle hypocrisie, alors, de faire croire que les femmes peuvent, autant que les hommes, être ministres, mais qu'elles font de bien moins bons secrétaires d'Etat...
Autre engagement présidentiel : "Je demanderai aux ministres de s’engager sur des objectifs et j’évaluerai régulièrement leur travail. Il y aura moins de lois, mais elles seront appliquées."
Moins de lois : on s'en réjouit. Seulement, le critère n'est pas uniquement le nombre, mais la qualité. Et des lois moins nombreuses, mais plus lourdes, voire fourre-tout, ne sont pas préférables à des lois plus fréquentes sur des sujets le nécessitant. Sans parler des amendements parlementaires. Reste à voir la pratique gouvernementale.
En revanche, le "mais elles seront appliquées" est à se tordre. Sarkozy, par exemple, a par deux fois réformé les lois sur l'immigration (2003 et 2006). Certains décrets d'application se font encore attendre - sur cet exemple, notez, ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.
Continuons dans les promesses du candidat de la rupture... " Je gouvernerai avec un gouvernement resserré, de 15 ministres, selon une architecture ministérielle totalement renouvelée."
Pas la peine, donc, de demander à Sarkozy une définition de resserrement. Sans doute car son esprit est à l'ouverture, non?
Quant à l'architecture "totalement renouvelée", on aurait pu s'attendre à plus d'inventivité. L'agriculture a-t-elle vocation à rester un ministère autonome, par exemple? On aurait pu imaginer bien des choses : la rattacher à l'économie, au développement durable ou à l'Europe auraient été des signes clairs pour les ambitions que la france place en elle. Même : avec Lagarde, on pouvait encore avoir des espoirs. Mais en la laissant seule aux prises avec Barnier, franchement, qu'espère-t-on? Une agonie lente et pas trop douloureuse? Quelle insulte aux agriculteurs et aux équipes du ministère!
La suite des promesses : "Je demanderai aux ministres de s’engager sur un contrat de mission à durée déterminée, c’est-à-dire sur des résultats que j’évaluerai chaque année."
A voir, là encore...
Mais que penser de ça? "Je supprimerai massivement les organismes inutiles qui empêchent en réalité les ministres d’agir et ralentissent l’action publique."
Pour l'instant, les redécoupages aboutissent à ce que certains services aient à répondre à 4 ou 5 supérieurs hiérarchiques : ministres ou secrétaires d'Etat, peu importe. Les agents des DDTEFP (directions départementales de l'emploi et de la formation professionnelle), par exemple, vont devoir jongler entre des contraintes dantesques : des ordres émanant de Mme Lagarde (économie et emploi), M. Bertrand (Travail), ou encore Besson (Prospective), Letard (Solidarités), Novelli (PME), voire peut-être à des demandes d'information issues de Hirsch (cf RSA). Comment se déterminera l'ordre des préséances?
A moins de charcuter les organigrammes ministériels pour répondre aux volontés d'affichage, l'action administrative rique d'être compliquée sous ce nouveau gouvernement. Qui a dit "on s'en fiche"?
N'était l'impact réel de la situation, ça pourrait presque être amusant.
Parce que, souvenez vous, on a déjà entendu bien des choses sur la mise en oeuvre du "travailler plus pour gagner plus", mais aussi sur l'importance d'un budget équilibré, ou des "retraites spirituelles".
"Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent". Admettons, pour lui faire plaisir, que Sarkozy est l'homme de la rupture avec Chirac : c'est sans doute pour, enfin, mieux se réconcilier avec Pasqua.
Sarkozy l'avait pourtant promis : "Si je suis élu, mon gouvernement sera limité à 15 ministres pour être plus efficace." Objectif tenu. Formmellement, du moins.
Le précédent gouvernement "Fillon I" comptait 20 membres : 15 ministres, 4 secrétaires d'Etat, un Haut commissaire. Le nouveau, "Fillon II", en rassemble 32 : toujours 15 ministres, bien entendu, et malgré un jeu de chaises musicales étrange, mais également 16 secrétaires d'Etat et un Haut Commissaire.
Mais à ce compte, pourquoi 15? Pourquoi pas 10, ou 5? Parce que si quelqu'un parvient à m'expliquer en quoi l'activité d'un secrétaire d'Etat diffère de celle d'un ministre, j'en serai enchanté. Comment par exemple se fera la répartition des tâches entre Mme Bachelot (ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports) et M. Laporte (futur secrétaire d'Etat à la Jeunesse et au Sport, apperçu hier à la bibliothèque des ministères sociaux)?
On notera d'ailleurs que le gouvernement Villepin ne comportait, lui, que des ministres et des ministres délégués. Il y avait, déjà, 15 ministres, et 15 ministres délégués. Soit 30 personnes. Alors tout ça se sont des mots, du vent? Pas possible... A moins que : bien sûr, M. Villepin avait tout simplement moins d'amis à caser (c'est sur que "l'ouverture" ca crée des remous).
Ou alors, si le secrétaire d'Etat n'a vocation qu'à être un porte-parole ou un super chef de cabinet, sans pouvoir de décision, très bien, mais pourquoi alors se limiter à 16? En mettre 30, ou 60, pourrait rendre le gouvernement plus efficace, sans doute aucun.
Sauf erreur de ma part, le gouvernment Jospin I comptait au total 26 membres, et seuls quelques ministres étaient assistés de (plusieurs) "ministres délégués - secrétaires d'Etat".
Chacun en tirera les conclusions qu'il veut...
Au passage, notre PDLR nous avait promis un gouvernement paritaire. Résultat? 21 hommes contre 11 femmes - dont 7 ministres...eh oui on atteint presque, parmi les ministres, les 50% : leçon magistrale de l'art de tenir ses promesses sans les respecter. Si la force des choses fait que Sarkozy a du s'entourer de personnalités aguerries - donc bien entendu compétentes - , après tout, pourquoi pas? Quelle hypocrisie, alors, de faire croire que les femmes peuvent, autant que les hommes, être ministres, mais qu'elles font de bien moins bons secrétaires d'Etat...
Autre engagement présidentiel : "Je demanderai aux ministres de s’engager sur des objectifs et j’évaluerai régulièrement leur travail. Il y aura moins de lois, mais elles seront appliquées."
Moins de lois : on s'en réjouit. Seulement, le critère n'est pas uniquement le nombre, mais la qualité. Et des lois moins nombreuses, mais plus lourdes, voire fourre-tout, ne sont pas préférables à des lois plus fréquentes sur des sujets le nécessitant. Sans parler des amendements parlementaires. Reste à voir la pratique gouvernementale.
En revanche, le "mais elles seront appliquées" est à se tordre. Sarkozy, par exemple, a par deux fois réformé les lois sur l'immigration (2003 et 2006). Certains décrets d'application se font encore attendre - sur cet exemple, notez, ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.
Continuons dans les promesses du candidat de la rupture... " Je gouvernerai avec un gouvernement resserré, de 15 ministres, selon une architecture ministérielle totalement renouvelée."
Pas la peine, donc, de demander à Sarkozy une définition de resserrement. Sans doute car son esprit est à l'ouverture, non?
Quant à l'architecture "totalement renouvelée", on aurait pu s'attendre à plus d'inventivité. L'agriculture a-t-elle vocation à rester un ministère autonome, par exemple? On aurait pu imaginer bien des choses : la rattacher à l'économie, au développement durable ou à l'Europe auraient été des signes clairs pour les ambitions que la france place en elle. Même : avec Lagarde, on pouvait encore avoir des espoirs. Mais en la laissant seule aux prises avec Barnier, franchement, qu'espère-t-on? Une agonie lente et pas trop douloureuse? Quelle insulte aux agriculteurs et aux équipes du ministère!
La suite des promesses : "Je demanderai aux ministres de s’engager sur un contrat de mission à durée déterminée, c’est-à-dire sur des résultats que j’évaluerai chaque année."
A voir, là encore...
Mais que penser de ça? "Je supprimerai massivement les organismes inutiles qui empêchent en réalité les ministres d’agir et ralentissent l’action publique."
Pour l'instant, les redécoupages aboutissent à ce que certains services aient à répondre à 4 ou 5 supérieurs hiérarchiques : ministres ou secrétaires d'Etat, peu importe. Les agents des DDTEFP (directions départementales de l'emploi et de la formation professionnelle), par exemple, vont devoir jongler entre des contraintes dantesques : des ordres émanant de Mme Lagarde (économie et emploi), M. Bertrand (Travail), ou encore Besson (Prospective), Letard (Solidarités), Novelli (PME), voire peut-être à des demandes d'information issues de Hirsch (cf RSA). Comment se déterminera l'ordre des préséances?
A moins de charcuter les organigrammes ministériels pour répondre aux volontés d'affichage, l'action administrative rique d'être compliquée sous ce nouveau gouvernement. Qui a dit "on s'en fiche"?
N'était l'impact réel de la situation, ça pourrait presque être amusant.
Parce que, souvenez vous, on a déjà entendu bien des choses sur la mise en oeuvre du "travailler plus pour gagner plus", mais aussi sur l'importance d'un budget équilibré, ou des "retraites spirituelles".
"Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent". Admettons, pour lui faire plaisir, que Sarkozy est l'homme de la rupture avec Chirac : c'est sans doute pour, enfin, mieux se réconcilier avec Pasqua.
Néel Travers