La rénovation passe par une place moins importante pour les courants

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Ceci est un point de vue militant. Il n’engage que son auteur. Il a pour objet d’ouvrir le débat.

 

L’organisation du Parti Socialiste peut être décomposée en deux dimensions : d’un côté les regroupements territoriaux (les sections au niveau de la commune, de l’université, ou de l’entreprise, et les fédérations au niveau du département), et de l’autre les courants.

Chaque militant est rattaché à une section. Il peut participer aux activités militantes organisées sur le terrain, aux votes, à l’élaboration de propositions avec sa section.

En parallèle, de nombreux militants (mais pas tous), appartiennent à un courant : les proches de Dominique Strauss-Kahn, d’Henri Emmanuelli, de Laurent Fabius, d’Arnaud Montebourg, de Jean-Marie Bockel (euh … en fait non), … . L’organisation en courants se traduit au moment du Congrès par des contributions proposées par leurs animateurs, puis par des motions soumises au vote des militants. L’existence des courants est nécessaire à la vie démocratique du PS. Elle permet aux différentes sensibilités de s’exprimer, aux militants d’effectuer des choix. Il ne s’agit donc pas de les supprimer.

Cependant on peut aujourd’hui se demander si la place de ces courants n’est pas trop importante au sein du Parti Socialiste. Leur importance provoque en effet deux problèmes principaux.

D’abord toute la réflexion, tout le travail sur le corpus idéologique, toutes les propositions sont réalisés à l’intérieur de ces courants. Souvent ce travail est de bonne qualité. Mais de ce fait, on exclut un certain nombre de militants, et notamment ceux qui ne sont pas attachés à un courant, de cette activité de production d’idées. Les sections territoriales devraient être le lieu adéquat pour réfléchir ensemble, pour faire remonter les attentes de nos compatriotes et les propositions originales. C’est ce que la section de Sciences Po tâche de faire dans ses Ateliers du changement. Mais trop souvent ce travail s’effectue dans les courants, et au cours des réunions de section chacun arrive avec son idée déjà arrêtée. Le débat est alors difficile.

Par ailleurs, l’importance donnée aux courants conduit à rechercher sans cesse le compromis. L’exemple typique nous en a été donné par l’élaboration du projet en 2006. Pour satisfaire toutes les sensibilités, on a pris quelques propositions de DSK, quelques propositions de Fabius, quelques propositions de Royal, … on a mélangé, et on a considéré que le résultat était un projet. Cela n’en était pas un, et c’est ce qui m’avait notamment conduit à voter contre ce projet, qui n’avait pas de cohérence, pas de ligne directrice, qui était un patchwork de propositions.

 

Sans pour autant devenir un parti monolithique, le Parti Socialiste doit devenir un parti où les débats s’engagent au sein des sections et des fédérations, en faisant participer tous les militants, sans leur demander de se positionner en faveur de telle ou telle personne ou de tel ou tel courant. C’est une des conditions de la réussite de la rénovation. 

Adrien B.

Publié dans Point de vue militant

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A
Ah oui, et je précise par ailleurs que ce billet n'était pas un appel à rejoindre désirs d'avenir, ni un hommage à Ségolène Royal. C'était juste un avis, soumis aux commentaires. <br /> Je ne suis pas dans désirs d'avenir, et je trouve que souvent leur démarche est bien proche de celle des courants déjà installés. Je suis socialiste, et c'est déjà pas mal.
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A
@ Julien : comme l'a écrit Néel, mon billet n'est pas anti courant loin de là. je suis fier d'être dans un parti où il y a différentes sensibilités. J'en ai juste marre des AGs de section (pas dans la section de Sc Po), où on a un camarade motion 1 qui parle et délivre son texte prémaché par son courant, puis un motion 2, et un motion 3, ... Et j'en ai marre de l'absence de création dans les sections (encore une fois, pas à Sc Po). Et je suis contre le mode d'élaboration du projet tel qu'il était en 2006.
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N
cher camarade, il ne s'agit pas de dire "les courants, c'est horrible". De toutes façons, les gens pensent ce qu'ils veulent, ont les affinités qu'ils veulent, et se réunissent comme ils veulent. Je me sens un grand partisan des libertés individuelles en écrivant ca ;-) <br /> <br /> Donc non, il ne s'agit pas d'un appel à lutter contre l'existence des courants. lis d'autres articles et commentaires sur ce blog, tu le comprendras certainement. relis aussi l'article : "L’existence des courants est nécessaire à la vie démocratique du PS. Elle permet aux différentes sensibilités de s’exprimer, aux militants d’effectuer des choix. Il ne s’agit donc pas de les supprimer"<br /> <br /> ce que dit Adrien - ce que je lis dans son texte - c'est que les courants sont certes enrichissant, car ils structurent la pensée et font naitre des débats. Mais ce qu'il dit aussi c'est que l'organisation du PS repose aussi (d'abord?) sur des sections locales (ou d'entreprise, universitaire, etc). Or, dans ces sections, le débat est trop souvent faussé car les gens pensent d'abord en fonction de courants prédéterminés, cf la facon dont les nouveaux adhérents se presentent par exemple. cf article "Cependant on peut aujourd’hui se demander si la place de ces courants n’est pas trop importante au sein du Parti Socialiste"<br /> <br /> Cela peut nuire non pas à la démocratie, mais à l'exigence de neutralité, d'objectivité lorsque l'on débat d'une question. d'où une idée, ou plutot une question : comment réduire l'influence des courants ? <br /> <br /> En la matière, sans faire preuve d'un angélisme béat, je trouve que la section a particulièrement bien fonctionné cette année, en partie sans doute car les questions de courant ont volontairement été mises de côté. Cela n'a pas empêché l'expression de points de vue divers, voire divergents. Mais du moins ils étaient d'abord argumentés et ne s'abritaient pas derrière une reference personnelle. <br /> <br /> encore une fois : nous avons eu des debats importants, par exemple au moment de la désignation du candidat aux présidentielles. mais les questions de personnes ont laissé, tres vite, la place a un soutien important à la candidate officielle - qui n'excluait pas par moments, pour certains, quelques doutes. Sur d'autres questions aussi (cf vote sur le projet l'année passée) nous avons opéré une réflexion transcourants prometteuse. <br /> <br /> Oui, le fait que nous soyeons jeunes, et que le turn-over soit mecaniquement asssez important dans la section peut renforcer cet esprit "oecuménique". Mais de cet état de fait nait une réflexion collective que je trouve, pour ma part, intéressante. <br /> <br /> Tu l'auras compris, bien qu'ayant ma propre opinion sur diverses grandes thématiques, et me sachant peut etre plus proche d'une vision que d'autres au sein du PS, je me refuse à penser d'abord en termes de courant et a en intégrer un. <br /> <br /> "Que les socialistes débattent, sur le fond, voilà ce que tout militant du PS doit revendiquer, pratiquer." OUI ! "Pour ce faire, les courants sont plus que jamais nécessaires." PAS SUR! S'ils le restent, ils ne doivent pas phagocyter le parti.<br /> <br /> J'aime bien ton passage sur la social-démocratie, soit dit en passant... <br /> <br /> je te propose néanmoins d'autres anlayses, (éventuellement) compatibles avec lui, <br /> - comme celle la : <br /> http://paris02.parti-socialiste.fr/2007/08/26/lingenierie-social-democrate/ (en tete sur google, mais peut etre a juste titre? tu ne seras peut etre pas d'accord) <br /> - ou celle consistant a dire que pour bernstein, le capitalisme n'allait pas s'effondrer de lui meme (cf marx), que la démocratie devait etre conservée par tous les moyens, que l'économie ne détermine pas la "superstructure" à elle seule, que la revolution n'etait donc ni possible ni souhaitable, etc ...
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J
Je suis socialiste et je suis aussi membre d'un courant, n'oublions jamais cher camarade que le socialisme signifie la démocratie dont c'est l'aboutissement comme le disait Jaurès. Aussi, alors que les partis totalitaires ont éliminés les sensibilités différentes qui cohabitaient dans leurs partis. Alors que la droite française voit le débat étouffé en son propre sein (où sont donc les gaullistes ? les radicaux de droite ? les souverainistes ?...) nous ne devons pas tomber dans le même piège. Notre partie souffre de l'absence de courant. Et oui, c'est parce que nous n'avons pas de courant mais des écuries que notre parti traverse une étape difficile. Que l'on songe à certaine association qui fleurissent au sein de notre famille et se posent au nom d'un refus des courant face au parti et à ses émanations. Que sont ces clubs et ces groupes où aucune idée, aucun corpus n'émerge mais seulement des ambitions personnelles. A l'inverse il existe des courants au sein de notre parti qui proposent un vrai travail de réflexion. Qui ont un corpus. Qui produisent du texte.<br /> Juste un exemple sur le manque de débat de fond. Le terme social-démocrate est en vogue au sein de notre parti. Bien, mais qu'est-ce que la social-démocratie ? Son fondateur est Bernstein, un socialiste qui à ce titre voulait la fin du capitalisme (pas du marché mais de la propriété privée des moyens de production), et pour ce faire pensait que la démocratie était l'outil idéal pour y parvenir. Jaurès était donc social-démocrate.<br /> Voilà ce sur quoi nous devons nous interroger. Il ne nous faut pas tomber, sous pretexte de passer au dessus des courants, dans des phrases qui veulent tout et rien dire. Avant de dire "nous sommes sociaux-démocrates" entendons nous sur le terme, donnons-en la définition. De même que pour la valeur travail (marx ou pas marx?), la nation (Jaurès ou pas Jaurès ?),...<br /> Que les socialistes débattent, sur le fond, voilà ce que tout militant du PS doit revendiquer, pratiquer. Pour ce faire, les courants sont plus que jamais nécessaires.
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J
jospiniste, exilé sur l'île de Ré, je réclame la réintégration de ce courant au sein du parti ! Camarades, ne nous laisser pas tomber !
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