Il a quelque chose de plus... Et s’il était de gauche ?
Est-ce parce que Barack Obama risque de gagner ? Est-ce parce que la droite ne s'assume plus ? Toujours est-il que l'UMP ne ménage pas ses efforts pour nous faire croire que le candidat démocrate à la présidentielle américaine du 4 novembre prochain est un homme de droite. Ou que le vainqueur de la présidentielle française de mai 2007 était grand, beau, noir, et de gauche. Mais comme souvent avec nos amis sarkozystes, il y a tromperie sur la marchandise.
Certes, les comparaisons internationales sont un exercice périlleux. Ce n'est pourtant pas une excuse pour avoir oublié de lire le programme de Barack Obama et Joe Biden (ici, le programme exhaustif en anglais ; ou là, pour un résumé vraiment très succinct en français) avant de se déclarer pour ou contre. En voici donc un bref aperçu, dont j'espère qu'il vous (re)donne envie de militer à gauche, là-bas ou ici ...
Barack Obama représente d'abord une certaine éthique de gouvernement.
Alors que certains gouvernants affichent des amitiés plus que douteuses dans le monde des affaires, Barack Obama s'engage à faire sortir les lobbys de Washington. Il veut couper, enfin, le cordon ombilical entre les milieux financiers et le gouvernement. Aux Etats-Unis comme en France, en effet, il n'est pas normal que l'agenda politique soit dicté par des groupes de pression. Et il est inadmissible que les lois « expression de la volonté générale » soient faites en réalité par et pour quelques privilégiés.
Un exemple emblématique : l'équité du système fiscal
Restaurer l'équité du système fiscal est l'un des engagements emblématiques du ticket Obama-Biden. Le programme démocrate inclut un volet fiscal ambitieux pour que les baisses d'impôts bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin : les classes moyennes. Ainsi, s'il est élu, Barack Obama veut revenir sur un « paquet fiscal » Bush. Et à la place de ce cadeau conçu sur mesure pour la clientèle aisée d'un gouvernement de droite, le candidat démocrate promet des réductions d'impôts pour « 95% des Américains qui travaillent ».
Plus largement, Barack Obama veut promouvoir une société plus solidaire.
En matière de protection sociale, il veut offrir une couverture à chaque américain. Tandis que chez nous s'allonge la liste des médicaments non-remboursés, Barack Obama estime que tous ses compatriotes devraient avoir accès aux derniers traitements de pointe. Et à l'heure où l'UMP s'efforce par tous les moyens de démanteler la sécurité sociale, le candidat démocrate s'engage à la protéger contre toute tentative de privatisation.
Dans la bataille pour les logements sociaux, également, Barack Obama porte haut les couleurs de la gauche. Le candidat démocrate s'engage ainsi à augmenter les crédits d'aide à la construction, et il veut que les dirigeants des villes américaines mettent davantage de moyens à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin.
Investir dans l'homme et dans l'avenir
Si certains commentateurs ont pu taxer Obama de « socialism » (ce qui depuis la Guerre froide est presque synonyme de « stalinisme » dans le langage courant américain), c'est avant tout parce que le candidat démocrate veut restaurer l'Etat dans certaines de ses missions essentielles.
Parce que le Code du travail gêne le Medef aux entournures, Sarkozy s'appuie sur le modèle américain pour nous expliquer que tout irait beaucoup mieux si les pouvoirs publics ne se mêlaient pas de protéger les salariés. Barack Obama dément : il s'engage au contraire à renforcer le droit du travail aux Etats-Unis. Et il promet de respecter et protéger le droit de grève et les grévistes.
Mais les missions essentielles de l'Etat, c'est aussi l'avenir. Le candidat démocrate insiste ainsi sur la responsabilité des pouvoirs publics en matière d'investissement : « La solution à nos problèmes budgétaires, » nous dit-il, « ce n'est pas de continuer à rogner sur les investissements dans l'éducation, l'énergie, l'innovation et les infrastructures - des investissements qui sont vitaux pour la croissance à long-terme. » Il s'engage donc à injecter davantage de moyens dans les secteurs stratégiques, les nouvelles technologies et les technologies vertes. Il souligne l'importance de la recherche fondamentale. Enfin, il promet de remettre de l'argent public dans les infrastructures publiques (de transports notamment). Un programme qui fait rêver à l'heure où le Parlement français planche sur le budget de la nation pour 2009...
Emilie Barreau