[Régionales] La région Auvergne mobilisée pour le TGV !
René Souchon n’est pas prêt d’oublier l’adage du ministre de l’Intérieur à propos des auvergnats : quand il y en a ça va, quand il y en a deux c’est là qu’il commence à y avoir des problèmes…
Heureusement, le président du Conseil régional ne s’est pas laissé faire, face à la grotesque tentative de récupération politique orchestrée par les deux auvergnats du gouvernement, Brice Hortefeux et Alain Marleix, lors de l’arrivée symbolique du TGV en gare de Clermont-Ferrand vendredi 20 novembre, prélude au lancement du projet de LGV entre Paris/Orléans/Clermont et Lyon.
Dans le scénario écrit par le sénateur Rémy Pointereau, président de l’association TGV Grand centre Auvergne et par Brice Hortefeux, président d’honneur de l’association, M. Souchon n’était pas convié à la petite fête organisée avec la SNCF et destinée à célébrer les efforts d’un ministre, en quête d’ancrage régional, dans le combat pour le désenclavement de l’Auvergne.
Contraint de revoir la liste des invités, suite à la vive réaction du Président du conseil régional, M. Pointereau a appelé Etat et collectivités locales à « cesser de faire de petits calculs ». Un vœu qui semble surtout s’appliquer au ministre de l’Intérieur, par ailleurs conseiller régional en Auvergne. A en croire Brice Hortefeux, le TGV à Clermont-Ferrand en 2020 c’est lui ! Le ministre pense avoir, enfin, trouver là un moyen de peaufiner son image d’élu local, après avoir longtemps hésité à se présenter au scrutin régional de mars, préférant laisser à son secrétaire d’Etat aux collectivités territoriales, la tâche d’assumer la claque bien méritée que les électeurs s’apprêtent à donner à la tête de liste UMP.
Car si l’Etat participe à la hauteur du tiers du financement des études de faisabilité du dédoublement par le centre de la LGV Paris-Lyon, inscrit dans le Grenelle I, tout est fait à l’UMP et au gouvernement, pour masquer le rôle des 5 régions (Ile de France, Rhône-Alpes, Centre, Auvergne et Bourgogne) participant elles aussi au financement de ces études, avec RFF, au sein d’un comité de pilotage.
A chaque élection, la droite auvergnate revendique ainsi la paternité du projet, y compris lors du scrutin municipal de mars 2008 à Clermont-Ferrand où la candidate UMP, Anne Courtillé, n’avait rien trouvé de mieux pour faire oublier la faiblesse de son programme que de poser derrière un TGV sur ses affiches de campagne…
Pourtant, si l’Auvergne s’est longtemps trouvée à l’écart des projets de modernisation ferroviaire, c’est en partie à cause du « giscardisme » qui a régné pendant 18 ans à la tête de l’exécutif régional ! C’est avec le basculement de la présidence du conseil à gauche lors des élections de 2004, et l’arrivée à la tête de la région de Pierre-Joël Bonté, décédé en janvier 2006, puis de son successeur René Souchon, que le projet de désenclavement ferroviaire de l’Auvergne est véritablement mis sur les rails. En juin 2008 René Souchon, lance une grande pétition citoyenne « Demain TGV » qui a recueilli plus de 87 000 signatures et a contribué à faire inscrire le projet dans la liste de ceux retenus dans la loi Grenelle 1. Le conseil régional s’est également efforcé de défendre un projet qui vise à concilier ancrage du territoire dans les grands axes de circulation national et développement local, en associant tous les départements concernés par le nouveau tracé, afin de favoriser la circulation au sein de l’espace interrégional Rhône-Alpes-Auvergne, et éviter ainsi les risques de marginalisation de certains territoires éloignés des grandes dessertes ferroviaires.
Loin d’une vision dépassée du développement régional, défendue par la droite, et conçue à partir d’un seul axe reliant un pôle régional à la capitale, le tracé défendu par le conseil régional, vise à intégrer le futur réseau LGV dans un projet plus large, de solidarité et de cohésion entre les territoires périphériques, souvent oubliés et maltraités par les conceptions centralisatrices du gouvernement !
Ar. L.