Pour un vrai service public du transport

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po

Pendant très longtemps, la population française a soutenu les cheminots dans leur résistance vis-à-vis du pouvoir politique et des réformes entreprises. Ce phénomène de « grève par procuration » a atteint son paroxysme en 1995 lorsque l'opposition aux réformes Juppé avait entraîné un retrait du projet de loi. Fidèle à sa stratégie de classification de la société, Nicolas Sarkozy a décidé l'an dernier de s'attaquer uniquement aux avantages des cheminots, afin que le reste de la population se sente « pris en otage » par leurs actions en résistance. Le discours les concernant était particulièrement antipathique : Ces « privilégiés » jouissaient apparemment d'énormes privilèges au dépends de leurs concitoyen. D'un côté, donc, une volonté de stigmatiser un métier, de les faire percevoir comme les égoïstes de la République. Quelque peu aidé par certains journaux TV...


De l'autre, tout n'est pas rose non plus. Les grèves se multiplient, en particulier sur la ligne B. La partie nord de la ligne, gérée par la SNCF, et qui relie la Seine-Saint-Denis à Paris connaît des problèmes de circulation une cinquantaine de jours par an, et une interruption complète du trafic une vingtaine, en moyenne. Ce fut encore le cas cette semaine, en particulier mardi et mercredi. Un train sur cinq circulait entre Massy et Denfert-Rochereau. Pour les utilisateurs de la partie sud (Massy - St Rémy), ou de la partie nord de la ligne (Denfert-Mitry ; Denfert-Roissy), c'est une vraie galère : trois bus pour ceux qui parviennent à monter dedans alors qu'ils sont déjà complets, stop pour les autres, et RTT pour ceux qui ont la chance d'en avoir et qui peuvent les utiliser. Si cette situation était seulement occasionnelle, la donne serait surement différente ...
 

Il faut trouver une solution pour régler ces deux problèmes. La mobilité dans notre société est un fait ; le transport est donc un service public à part entière et non un luxe.   Par ailleurs, on ne peut pas défendre l'environnement sérieusement, et se satisfaire d'une gêne si fréquente pour les usagers.

Il faut envisager une réforme sérieuse et négociée, qui donnerait un véritable statut au cheminot, afin de les placer sur un pied d'égalité avec les policiers ou les juges. Comme eux, ils assurent un service public indispensable pour la société. Ils doivent bénéficier d'une véritable reconnaissance pour le travail de service public qu'il réalise. Mais il faut également envisager une véritable continuité de service public. Les juges et les policiers ne peuvent pas s'arrêter de travailler et c'est heureux pour la société. S'ils sont mécontents, ils le manifestent différemment, sans troubler les citoyens. Il doit en être de même pour les cheminots.


La gauche est parfois frileuse sur cette question. Mais il est bon de rappeler que les premières victimes de cette absence de service public sont les personnes qui vivent dans la banlieue lointaine (surtout la banlieue nord) et qui sont obligées de passer six heures dans les transports en commun dans une même journée pour se rendre de leur domicile à leur travail.


Le mécontentement était-il légitime ? C'est une autre question, il faut bien distinguer les causes et les moyens d'action. (Vous pouvez lire les raisons de la grève sur le site du Monde).

Etienne L    

Publié dans Point de vue militant

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S
L'on pourrait tout de même élargir la perspective : si grève il y a, c'est qu'un malaise existe parmi les personnels des transports en commun. Leur donner un statut, c'est répondre à leurs revendications formulées pendant une grève. C'est pourquoi je soutiens que les causes des grèves sont inséparables de la question de la revalorisation du statut de ces employés.<br /> <br /> Par ailleurs, les policiers ont le droit de grève me semble-t-il. Et parfois, l'on se demande s'ils ne feraient pas mieux d'exprimer leur colère par un arrêt de travail plutôt que par une explosion des gardes à vue et des violences policières...
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