Sacrée famille !

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po

Cecilia, parce qu'elle était l'envoyée personnelle du Président en Lybie, n'aura pas à s'expliquer devant la commission d'enquête parlementaire. Normal, non? 

Non?

On se la refait. Le Président de la République n'aurait pas à se justifier de son action devant une commission d'enquête parlementaire. Cecilia est la femme du Président de la République, et surtout ce dernier a choisi de l'envoyer en Lybie opour libérer à elle toute seule les infirmières bulgares (et le médecin edit palestinien devenu bulgare, mais bon médiatiquement c'est moins important). Donc le Président n'a pas à expliquer pourquoi c'est Cecilia qui devait faire ça, ni comment elle l'a fait, et donc Cecilia n'a pas non plus à s'expliquer. C'est clair cette fois?

Non? c'est à croire que vous le faites exprès ! Bon, cours de rattrappage avec David Martinon, porte-parole de l'Elysée.

Libye : Cécilia Sarkozy ne témoignera pas envoyé par azg848


Cette fois ci, les plus méfiants devraient être convaincus!

A moins que?  Relisons donc l'article 67 de la Constituion :
"Le Président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité, sous réserve des dispositions des articles 53-2 et 68. Il ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite. Etc..."

Je ne vois pas où il est fait mention des "envoyés personnels" du président, ces nouveaux missi dominici. Je ne vois pas où il est fait mention de la femme du Président. M. Martinon serait-il aussi la voix du Conseil Constitutionnel et du Conseil d'Etat pour pouvoir interpréter si librement le principe de séparation des pouvoirs et ses conséquences pratiques ?

La commission chargée de revoir la Constitution n'a pas fait part de ses travaux, encore moins les Français ou leurs représentants ont-ils pu s'exprimer sur une quelconque réforme. de plus en plus, je me réjouis que les Français aient refusé au parti du président et à ses alliés de disposer de la majorité des 2/3 au Parlement nécessaire à une réforme constitutionnelle. Car il ne faut pas compter suir notre PDLR, qui, la main sur lecoeur, se déclare premier des gaullistes, pour avoir le moindre respect pour notre texte fondamental, celui qui organise notre démocratie.

On se fout du monde, c'est assez clair. D'ailleurs, M. Guéant, qui lui bien sûr a été en touriste en Lybie, ira, irait, devant la Commission.

"Super Sarko" veut remettre la politique au centre du débat, dit-il. Très bien. Sauf qu'il ne le faiit pas. Il gesticule, il hypra-légifère, il populise (il vient encore de proposer une loi pénale, pour essayer de "responsabiliser les irresponsables pénaux" comme les malades mentaux). Il communique, il voyage, il se montre. Et ensuite? Je commence, et je ne suis pas le seul, à en avoir raz-le bol qu'on se foute de ma gueule (il n'y a pas d'autre mot).

C'est ça, la volonté de prendre ses responsabilités, Nicolas? Pas pour moi, désolé. Ce que je vois, là, c'est au contraire une façon de les fuir.  Ou une façon de prendre les responsabilités que l'on veut, les distances que l'on veut par rapport à nos textes constitutionnels. De s'arroger des droits qu'on n'a pas.

Je veux bien comprendre que Mme Sarkozy n'ait pas envie d'aller voir la Commission d'enquête, comme je veux bien comprendre que manger des hamburgers avec W. Bush ou papoter avec les femmes des chefs d'Etat et de gouvernement du G8 l'ait gonflé. Je veux bien croire qu'elle n'a rien demandé, pas même à ce Nicolas pour lequel elle n'a pas voté au 2nd tour. Mais entre l'angine blanche fulgurante et les éxégèses balbutiantes de la Constitution, il y a a peu près la même absence de sérieux. Un collégien qui sèche les cours en prétextant une panne de réveil serait plus crédible. Mais aurait peut-être moins de culot...

Non, la famille présidentielle n'est pas la famille royale - 1789 est passé par là. Non, le néo-bonapartisme n'explique pas tout. Non, le président n'a pas tous les droits. Il est responsable, au moins moralement, devant les Français, qui l'ont élu. Et ses proches collaborateurs, aux dernières nouvelles, ne sont pas touchés par une nouvelle forme de grâce présidentielle. 

La rentrée va être rude pour les partisans du respect des formes et des pratiques républicaines... Ce qui n'exclut pas une réforme constitutionnelle, mais claire. Pour une VIe République, peut-être ? A quand des cours obligatoires d'une véritable éducation civique, sociale et économique pour tous au lycée ? A quand un discours de vérité dans la bouche de notre Président ?

Néel Travers
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Ce qu'en dit, à juste titre, Pierre Moscovici : <br /> <br /> http://www.liberation.fr/rebonds/274345.FR.php
Répondre
_
oui !!! Devedjian qui veut un statut du prince consort en france ! content de savoir que ça n'a pas choqué que moi...
Répondre
E
Non, la famille présidentielle n'est pas la famille royale - 1789 est passé par là.<br /> <br /> Mais si, mon vieux, t'as pas suivi ? même que c'est Devedjian qui l'a dit !
Répondre
N
oups... comme d'habitude, j'ecris trop vite (et j'ai eu aupravant une soirée d'adieux émouvante et arrosée juste comme il faut). Désolé...
Répondre
T
Dès les premières lignes, j'ai su que c'était Néel qui avait écrit ça....<br /> <br /> Juste un détail... le médecin en question est palestinien d'origine et a récemment obtenu la nationalité bulgare...<br /> <br /> La dernière personne que j'ai entendu se tromper sur la nationalité des ces soignants c'est... sarkozy qui a parlé des "infirmières lybiennes" au soir du 6 mai....<br /> <br /> bonne nuit.
Répondre