Scoop - remaniement ministériel et réforme de l'Etat : les porte-parolats de l'Elysée et du gouvernement fusionnés et confiés à... Laurence Parisot

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po

Une croissance de 1,9%, soit la performance la plus médiocre de la zone Euro alors que ChristineLaurence-Parisot-2-copie-1.JPG Lagarde claironnait encore il y a quelque jours l’objectif de 2,25%,  un déficit du commerce extérieur qui va connaître un record jamais atteint  (soit près de 40 milliards €), des déficits publics qui se creusent (52,1 milliards € fin octobre 2007 contre 48,2 milliards € à la même période en 2006)… et la liste serait longue. Pas de problèmes, l’année 2007 serait selon certains « exceptionnelle ». Selon qui ? Laurence Parisot, présidente du Medef.

Peu avare (en compliments en tout cas, pas en augmentations de salaire) ce jour-là, Laurence Parisot n’hésita pas à ajouter que cette année « correspondait à l’entrée dans le XXIème siècle grâce au changement de rythme impulsé par l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat ». Laurent Wauquiez et David Martinon (non non !) n’avaient même pas osé, Laurence Parisot l’a fait ! Comment expliquer une telle hagiographie du sarkozysme (si vous n'en croyez pas un mot, lisez ici) ?

Plusieurs explications possibles (on est preneur d'autres théories) :

1. On se rappelle de cette fameuse scène de la nuit du Fouquet’s évoquée dans le livre éponyme Laurence-Parisot.JPGd’Ariane Chemin. Nicolas Sarkozy fête dûment sa victoire avec les personnes qui l’ont aidé à l’obtenir (Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Pierre Giaocometti…) et le téléphone sonne. C’est Claude Guéant qui répond, Laurence Parisot au téléphone. Le toujours sémillant chet de l’Etat déclare alors : « Pas cette conne ! Elle n’a même pas réussi à réunir tous les patrons autour de moi ». Si cette dernière affirmation sonnait un peu étrange face à la liste des invités du Fouquet’s, elle n’était pas totalement fausse puisque certains patrons courageux et lucides (hors CAC 40) avaient effectivement soutenu Ségolène Royal. On peut penser que Laurence Parisot a depuis essayé, par ses multiples déclarations dithyrambiques, cette dernière n’en étant que la caricature absolue, essayer de laver le manque de zèle perçu malgré tous les efforts déployés au cours de la campagne ;

2. On comprend cependant mieux les propos de Laurence Parisot en lisant la suite de sa déclaration. La patronne des patrons déclare effectivement : « je crois que l’année 2007 était une année tout à fait extaordinaire (…) pour le Medef ». Là, c’est un aveu franc et massif qu’on comprend tout à fait. Bouclier fiscal soit des chèques de plusieurs millions d’euros pour un petit millier de personnes, maintien des golden parachutes scandaleux dont la suppression avait été pourtant promise pendant la campagne, démantèlement des 35 heures, défiscalisation à tout va des charges patronales et sans contre-partie, n’en jetez plus, mon bon Président. Laurence Parisot est ravie ;

3. Une dernière explication : l’humour. Le jury du prix "Press club, humour et politique" ferait bien de ne pas clore trop vite sa liste de nominés. A l’heure de l’évocation de la nécessaire « fluidification des relations sociales » par Denis Gautier-Sauvagnac et la caisse noire anti-grèves de l’UIMM qu’évidemment, Laurence Parisot méconnaissait totalement, elle évoque même, sans rire  « l'année d'une maturité nouvelle des relations sociales et des relations entre les organisations patronales et syndicales ».

Ceci étant, on remarque que Laurence Parisot sait manier la carotte et le bâton. Dernier épisode en date :
tout va bien et vous êtes formidable M. le Président quand des avantages nous sont confiés sans aucune contrepartie demandée en retour. Donnez-nous de la liberté, mais laissez-nous en faire ce que nous en voulons. Voilà effectivement que Laurence Parisot tire à boulets rouges sur le projet gouvernemental de rachat des RTT pour 2007, qu’elle jugeait pourtant « bonne » il y a quelques jours encore. Si même le Medef (pour des raisons qui lui sont propres en revanche) aide les socialistes à démontrer l’inanité voire la stupidité d’un projet gouvernemental de « pouvoir d’achat » qui est une duperie rarement égalée, peut-être que le sarkozysme économique est définitivement une catastrophe pour tout le monde, dont malheureusement, les Français ne vont plus pouvoir rire longtemps.

John_G
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