La droite va-t-elle nous ressortir les "chars de Moscou" ?
On se souvient déjà de l’agressivité verbale d’un François Fillon que tout le monde veut croire policé mais qui avait au cours de la campagne des législatives décrété que la « gauche n’aimait pas la France ». Mais d’habitude, ce type de déclarations scandaleuses, souvent passibles d’attaques en diffamation tellement elles sont outrancières, sont déléguées aux roquets de la pire espèce, rôle dans lequel Nadine Morano est sans doute la championne toutes catégories (dire qu’elle osait donner des leçons de français à Fadela Amara !).
Cette fois-ci, tout le monde s’y met. Des personnalités que l’on jugeait respectables se livrent aux pires excès. Même Xavier Darcos, Ministre de l’Education nationale (faut-il le rappeler) et surtout candidat aux élections municipales à Périgueux, n’hésite pas à déclarer que la gauche utiliserait le « registre lepéniste » pour « attaquer » le Président de la République. Avant cette ultime touche, revenons sur un florilège de déclarations les unes les plus mesurées que les autres, mais issues de personnalités beaucoup habituées aux attaques de basses eaux :
- Nadine Morano, la serial vulgaire (qui en tant que porte-parole de l’UMP, n’arbore toutefois plus le logo de son propre parti sur ses documents de campagne municipale !) : la gauche émet des critiques sur la façon dont le Président de la République, garant de la Constitution cherche à la contourner en demandant au Président de la Cour de Cassation de contourner la décision du Conseil Constitutionnel : il n’y a pas à tergiverser, même à discuter, la gauche est, pour Mme Morano, « du côté des assassins ». Il est vrai qu’en la matière, Morano a un maître puisque Sarkozy avait également décrété suite aux incidents de la gare du Nord en pleine campagne présidentielle que la gauche « était du côté des voyous » ;
- Pierre Lellouche, qui craignait il y a quelques jours dans Le Figaro le retour de « la droite la plus bête du monde » (il devrait y penser avant de parler) n’a de son côté pas hésité à évoquer des « micros et caméras cachés (sic) utilisés par la gauche et comparables aux méthodes dignes de la Stasi » ;
- Lionel Luca (auteur de plusieurs propositions de loi pour le rétablissement de la peine de mort ou encore promoteur du « rôle positif de la colonisation ») a comparé les critiques faites au Président de la République à une « chasse à l’homme » qui pourraient le conduire au suicide comme Pierre Bérégovoy ou Roger Salengro. Rappelons simplement que Pierre Bérégovoy, outre la pression des journalistes, a été la cible d’attaques odieuses de la part de l’opposition de droite de l’époque pour un prêt tout à fait légal de 1 millions de Francs. Ne parlons même pas de Roger Salengro, victime d’une campagne de presse immonde de la part de l’extrême-droite avec laquelle Lionel Luca revendique de nombreuses proximités ;
- Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’homme enfin n’a pas hésité à indiquer que les socialistes étaient « racistes » et qu’ils l’attaquaient (en tant que numéro 3 sur la liste UMP à Colombes) parce qu’elle était « noire »… Elle ne s’est d’ailleurs toujours pas excusée.
D’autres exemples ne manquent pas. On espère toutefois qu’ils s’arrêteront là. Une campagne électorale n’autorise pas tout. En défendant l’indéfendable (notamment les propos déplacés du chef de l’Etat au salon de l’Agriculture) et en pratiquant ainsi l’outrance, la droite tente de masquer son indigence actuelle. Sauf que cela ne semble pas prendre, bien au contraire et qu’il s’agit en outre d’un obstacle évident à un débat démocratique serein. Peu de personnalités du Parti Socialiste se sont pour l’instant élevées contre ces attaques hystériques, répétées et systématiques, émanant désormais de personnalités plutôt connues pour leur retenue de bon aloi.
Alors que la campagne électorale municipale n’est pourtant plus censée être un « enjeu national » (enfin du moins si quelqu’un a compris la position officielle, il peut l’expliquer…), nous ne pouvons qu’appeler la droite à une stricte vigilance langagière, pour ne pas dire républicaine.