Municipales et cantonales : "la guerre civile n'a pas eu lieu, le PS n'a donc pas gagné" (François Fillon)

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po

undefinedUne analyse journalistique s'est  répandue comme une trainée de poudre ces dernières heures qui finirait par vouloir nous faire croire que la droite a gagné les élections municipales, puisqu'elle ne les aurait pas perdu. Certains parlent de "vaguelette", d'autres de "rééquilibrage" (suite aux résultats des municipales de 2001), d'autres encore n'ont pas hésité à prétendre que le gouvernement n'était pas contesté puisque tous les Ministres étaient élus... Pas de chance, c'est un peu plus simple de se faire élire à Chantilly (67% de votes pour N. Sarkozy en mai 2007) ou dans le VIIème arrondissement de Paris (78%), quoique Rachida Dati ne soit même pas fichue de passer au premier tour (tous nos encouragements à Laurence Girard), qu'à Colombes, Périgueux ou Mulhouse où Yade, Darcos et Bockel sont en ballotage, la plupart du temps défavorable...

Par ailleurs, la droite prend ensuite constamment comme argument que les élections intermédiaires seraient toujours néfastes pour la majorité en place. Et on cite allègrement les municipales de 1983 ou celles de 2001. Sauf que ces dernières se sont traduites par une défaite assez relative de la gauche (Paris, Lyon, Dijon gagnés pour la première fois) et surtout elles sont intervenues 4 ans après l'arrivée de Lionel Jospin et de son équipe au gouvernement, 2 ans après dans le cas de 1983. Cette fois-ci, l'élection présidentielle était il y a peine 9 mois en arrière et on observe déjà qu'une grande partie de l'électorat qui a fait le succès de Sarkozy en mai 2007 (les classes moyennes) l'a déjà lâché (en votant pour la gauche ou en s'abstenant), quand on observe les scores incroyables à Vierzon, Alencon, Reims, Rouen, Laval, Rodez...

Enfin, on est frappés de constater que l'UMP se dit quasiment victorieuse mais que dans le même temps, elle effectue, selon les termes du jaloux et sémillant François Sauvadet (président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale) une "danse du ventre" autour du Modem. François Fillon lui-même, vient de nous expliquer que le Modem devait aujourd'hui, main dans la main avec l'UMP, permettre d'éviter la "guerre civile" que veut instaurer la méchante gauche. Le problème principal de la droite, que l'on observe à Toulouse notamment, à Marseille ou encore à Strasbourg est précisément qu'elle ne dispose d'aucune (ou très peu) de réserves de voix. La porosité des voix FN vers l'UMP risquant d'être moins importante qu'à la présidentielle, les réserves de la droite sont encore plus faibles.

Que le pouvoir reste sourd, c'est son problème. La gauche ne doit pas pour autant fanfaronner. Les scores magnifiques obtenues par les listes du PS et de nos alliés sont dus aux belles campagnes menées, aux propositions nombreuses faites, à l'enthousiasme des militants sur le terrain, parfois dans le cas des maires sortants à l'excellent travail effectué (voir les scores remarquables de Gérard Collomb, Jean-Marc Ayrault, Hélène Mandroux, Bertrand Delanoë ou encore Martine Aubry). Comme nous l'avons déjà dit ici, non seulement il reste un deuxième tour mais il reste une nouvelle étape, que celle-ci nous permettra d'atteindre sereinement, en expérimentant sur le terrain non pas le socialisme municipal mais le futur de la gauche nationale.

Par ailleurs, puisque les municipales sont l'occasion de s'apesantir sur quelques résultats qui nous font plus que jamais croire aux vertus démocratiques :
- L'élection au premier tour (du jamais vu !) du candidat Michel-François Delannoy à la mairie de Tourcoing. Face à un candidat haineux condamné par la justice mais investi par l'UMP malgré les engagements de Sarkozy, le candidat socialiste l'a emporté, au terme d'une campagne digne de son côté, de très belle manière (près de 54% des voix) ;
- Le score calamiteux de Nadine Morano à Toul (24%), loin derrière la maire sortante PS, Nicole Feidt (35%) et un candidat dissident ne supportant pas la vulgarité de la candidate "officielle". Même si Morano avait retiré le logo UMP de ses affiches, elle est l'une des illustrations de la défaite de la droite sarkozyste. Usant de toutes les cordes du sarkozysme : vulgarité confondante, populisme consternant ("la gauche du côté des assassins" entre autres) et vieilles recettes politicardes pseudo-ouverture (elle avait débauché l'ancien directeur de cabinet socialiste de Nicole Feidt). On voit comme toutes ces magouilles ont payé... et on s'en félicite ! Bonne chance à Nicole Feidt au deuxième tour ;
- Le score réalisé par Patrick Balkany (réélu dès le premier tour, avec 51%) aurait de quoi nous accabler (rappellons outre les procès multiples, la dette de Levallois-Perret : 4000 € par habitant, certains viennent ensuite nous parler de "bonne gestion"...) mais on ne peut que se réjouir de la décision courageuse prise par la candidate ex-UMP, ex-adjointe de M. Aeschlimann (ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy) à Asnières et du candidat Modem de s'allier au candidat socialiste au deuxième tour, Sébastien Pietrasenta. Le courage de ces militants de droite doit être saluée et démontre que la droite républicaine est en cours de reconstruction.

En tout état de cause : n'oubliez pas de voter dimanche !

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