Rémunérations : le verre est vide, mais la coupe est pleine !
"Le gouvernement ne laissera pas jeter l'opprobre sur des milliers de chefs d'entreprises qui sont l'armature de notre économie et une des conditions de notre succès, en raison du comportement amoral et inacceptable d'une toute petite minorité d'entre eux", s’inquiète François Fillon. Evacuons cette tentative de diversion d’entrée : comme nous l’avons dit dans nos précédents articles, la critique du PS prend bien soin de distinguer les trois millions de dirigeants qui effectivement prennent des risques et investissent temps et argent dans leurs PME des quelques dizaines de grands dirigeants-gestionnaires des entreprises cotées.
Concentrons-nous donc sur les « patrons-voyous » (Nicolas Sarkozy), cette toute petite minorité de chefs d’entreprise « au comportement amoral et inacceptable », au moins en tout de crise. Ces hommes (pour la très grande majorité des cas) qui ont reçu une augmentation moyenne de rémunération (salaire+bonus+stock-options) de près de 40% sur la seule année 2007 (La Tribune), et qui, malgré la crise, n’ont pas vraiment baissé leurs prétentions, ou alors sous la contrainte de l’opinion publique.
Il y avait eu par le passé Jean-Marie Messier (Vivendi), Noël Forgeat (EADS), Antoine Zacharias (Vinci), pour les plus célèbres, mais l’économie était en pleine croissance : réguler ces mécanismes de stock-options et de parachutes dorés en cas de départ précipité aurait donné un mauvais signal aux entrepreneurs et aux intelligences économiques de notre pays. À l’heure de la mondialisation des compétences, ils seraient partis fissa vers des pays un peu moins communistes, histoire de faire fructifier leurs revenus, qui ont parfois décuplé en deux décennies. Les socialistes ne comprennent vraiment rien à l’économie entendait-on...
Seulement voilà, les scandales à répétition de ces dernières semaines passent moins bien dans un pays en récession où quatre-vingt mille personnes supplémentaires perdent leur emploi chaque mois et où les bas salaires sont inexorablement bloqués. Les caisses sont vides, l’Etat ne peut rien faire de plus pour le pouvoir d’achat des Français, qui était pourtant la priorité d’un certain candidat devenu président. Que voulez-vous, il y a des promesses électorales qui comptent plus que d’autres : baisser les impôts des plus riches par exemple. Que dites-vous de cette belle promesse vertueuse de 2007 ?
Concentrons-nous donc sur les « patrons-voyous » (Nicolas Sarkozy), cette toute petite minorité de chefs d’entreprise « au comportement amoral et inacceptable », au moins en tout de crise. Ces hommes (pour la très grande majorité des cas) qui ont reçu une augmentation moyenne de rémunération (salaire+bonus+stock-options) de près de 40% sur la seule année 2007 (La Tribune), et qui, malgré la crise, n’ont pas vraiment baissé leurs prétentions, ou alors sous la contrainte de l’opinion publique.
Il y avait eu par le passé Jean-Marie Messier (Vivendi), Noël Forgeat (EADS), Antoine Zacharias (Vinci), pour les plus célèbres, mais l’économie était en pleine croissance : réguler ces mécanismes de stock-options et de parachutes dorés en cas de départ précipité aurait donné un mauvais signal aux entrepreneurs et aux intelligences économiques de notre pays. À l’heure de la mondialisation des compétences, ils seraient partis fissa vers des pays un peu moins communistes, histoire de faire fructifier leurs revenus, qui ont parfois décuplé en deux décennies. Les socialistes ne comprennent vraiment rien à l’économie entendait-on...
Seulement voilà, les scandales à répétition de ces dernières semaines passent moins bien dans un pays en récession où quatre-vingt mille personnes supplémentaires perdent leur emploi chaque mois et où les bas salaires sont inexorablement bloqués. Les caisses sont vides, l’Etat ne peut rien faire de plus pour le pouvoir d’achat des Français, qui était pourtant la priorité d’un certain candidat devenu président. Que voulez-vous, il y a des promesses électorales qui comptent plus que d’autres : baisser les impôts des plus riches par exemple. Que dites-vous de cette belle promesse vertueuse de 2007 ?
Puisque la politique éclairée de Nicolas Sarkozy ne nous a pas épargné les vraies-fausses suppressions d’emploi chez Total, le parachute doré de Valéo, les bonus de CA Chevreux et les retraites de la Société Générale, il était grand temps pour notre super-président de prendre le taureau par les cornes et de s’attaquer aux racines du mal !
« Si le Medef n’y va pas, on ira par la loi » menaçait encore il y a quelques jours Nicolas Sarkozy, conscient que les chartes d’éthique sont d’une efficacité très limitée dans ce monde où les chiffres n’ont plus de valeur et les hommes n’ont plus de morale. Sarkozy a fait son cirque jusqu’à son meeting UMP à Saint-Quentin (facturé 400 000 euros au passage), nous y avons tous cru, ou au moins avons-nous fait semblant.
Le résultat n’est pas décevant, comme d’habitude ! Premièrement, c’est un décret, et non une loi. Donc il n’y a pas eu de débat parlementaire sur cette question brûlante qui choque jusqu’au sein de l’UMP. Deuxièmement, seuls les dirigeants d’entreprises aidées par l’Etat ne pourront pas percevoir les divers bonus et stock-options, et seulement sur 2009 et 2010. Concrètement, ça fait huit entreprises (les six banques aidées + Renault et PSA). Adieu la bonne idée d’étendre cela à toutes les entreprises qui font des licenciements pendant la crise ou à celles qui recourent au chômage partiel. Adieu l’intervention dans les entreprises privées, mais aussi dans les filiales des entreprises aidées par l’Etat, qui peuvent continuer à rémunérer indirectement les dirigeants des sociétés-mères. Adieu aussi l’idée de s’inscrire dans la durée, car dès 2011, la fête recommence ! A ce sujet, lire l’analyse détaillée sur Le Monde.
Sarkozy a fait des choix bien clairs dans la gestion de cette crise. On ne touche pas aux bas salaires, on ne touche pas au bouclier fiscal et... on ne touche pas aux rémunérations des grands patrons. Sarkozy a fait le choix de l’imposture médiatique et du status quo. Et pourtant, d’autres choix étaient possibles pour « moraliser » un peu les rémunérations de nos grands patrons, qui sont officiellement les mieux payés d’Europe avec une moyenne de 4,5 millions d’euros de rémunération par an pour les patrons du CAC 40.
Barack Obama, pour ne citer que lui, a imposé une rémunération maximale de 500 000$ par an aux dirigeants des entreprises aidées par l’Etat. Cela reste tout de même confortable par les temps qui courent ! Regardons les patrons qui pourraient être concernés si cette mesure était appliquée en France : Daniel Bouton par exemple, président du CA de la Société Générale, verrait sa rémunération de 4 millions d’euros par an (dont 1,25 million en salaire, chiffres tirés de Challenges) divisée par dix. Et la France ne risquerait pas de perdre ce talent irremplaçable puisque les règles sont aussi dures à l’étranger !
Dire que nous attendions mieux du gouvernement ne serait pas crédible. Par contre, nous souhaiterions entendre davantage le Parti socialiste sur ces questions. Faut-il légiférer ou doit-on s’en remettre uniquement aux négociations entre partenaires sociaux ? Faut-il interdire tous les parachutes dorés et tous les bonus ? Peut-on limiter les dividendes reversés aux actionnaires dans les entreprises qui licencient ou délocalisent ? Pourrait-on imaginer un autre de système de rétribution des dirigeants d’entreprises, non pas en fonction de l’évolution artificielle des cours de bourse, mais sur des critères sociaux ou environnement comme le proposait Nicolas dans le cadre du bonus-malus social ?
Plus généralement, il faut réfléchir à toute l’échelle des rémunérations dans le public et dans le privé. Il n’est pas normal que les salaires des ouvriers français soient inférieurs de 40% à ceux des ouvriers belges ou allemands (source Le Figaro). Faut-il imposer un écart maximum entre les plus bas et les plus hauts salaires d’une entreprise, et si oui à quel niveau : 1 pour 20, 1 pour 50, 1 pour 100 ? Pourquoi ne pas indexer l’évolution des salaires des grands patrons en pourcentage à l’évolution des plus faibles salaires de l’entreprise ?
Il ne faut pas attendre du Medef ou du gouvernement qu’ils prennent l’initiative sur ces questions. C’est au PS de les imposer au débat public.
« Si le Medef n’y va pas, on ira par la loi » menaçait encore il y a quelques jours Nicolas Sarkozy, conscient que les chartes d’éthique sont d’une efficacité très limitée dans ce monde où les chiffres n’ont plus de valeur et les hommes n’ont plus de morale. Sarkozy a fait son cirque jusqu’à son meeting UMP à Saint-Quentin (facturé 400 000 euros au passage), nous y avons tous cru, ou au moins avons-nous fait semblant.
Le résultat n’est pas décevant, comme d’habitude ! Premièrement, c’est un décret, et non une loi. Donc il n’y a pas eu de débat parlementaire sur cette question brûlante qui choque jusqu’au sein de l’UMP. Deuxièmement, seuls les dirigeants d’entreprises aidées par l’Etat ne pourront pas percevoir les divers bonus et stock-options, et seulement sur 2009 et 2010. Concrètement, ça fait huit entreprises (les six banques aidées + Renault et PSA). Adieu la bonne idée d’étendre cela à toutes les entreprises qui font des licenciements pendant la crise ou à celles qui recourent au chômage partiel. Adieu l’intervention dans les entreprises privées, mais aussi dans les filiales des entreprises aidées par l’Etat, qui peuvent continuer à rémunérer indirectement les dirigeants des sociétés-mères. Adieu aussi l’idée de s’inscrire dans la durée, car dès 2011, la fête recommence ! A ce sujet, lire l’analyse détaillée sur Le Monde.
Sarkozy a fait des choix bien clairs dans la gestion de cette crise. On ne touche pas aux bas salaires, on ne touche pas au bouclier fiscal et... on ne touche pas aux rémunérations des grands patrons. Sarkozy a fait le choix de l’imposture médiatique et du status quo. Et pourtant, d’autres choix étaient possibles pour « moraliser » un peu les rémunérations de nos grands patrons, qui sont officiellement les mieux payés d’Europe avec une moyenne de 4,5 millions d’euros de rémunération par an pour les patrons du CAC 40.
Barack Obama, pour ne citer que lui, a imposé une rémunération maximale de 500 000$ par an aux dirigeants des entreprises aidées par l’Etat. Cela reste tout de même confortable par les temps qui courent ! Regardons les patrons qui pourraient être concernés si cette mesure était appliquée en France : Daniel Bouton par exemple, président du CA de la Société Générale, verrait sa rémunération de 4 millions d’euros par an (dont 1,25 million en salaire, chiffres tirés de Challenges) divisée par dix. Et la France ne risquerait pas de perdre ce talent irremplaçable puisque les règles sont aussi dures à l’étranger !
Dire que nous attendions mieux du gouvernement ne serait pas crédible. Par contre, nous souhaiterions entendre davantage le Parti socialiste sur ces questions. Faut-il légiférer ou doit-on s’en remettre uniquement aux négociations entre partenaires sociaux ? Faut-il interdire tous les parachutes dorés et tous les bonus ? Peut-on limiter les dividendes reversés aux actionnaires dans les entreprises qui licencient ou délocalisent ? Pourrait-on imaginer un autre de système de rétribution des dirigeants d’entreprises, non pas en fonction de l’évolution artificielle des cours de bourse, mais sur des critères sociaux ou environnement comme le proposait Nicolas dans le cadre du bonus-malus social ?
Plus généralement, il faut réfléchir à toute l’échelle des rémunérations dans le public et dans le privé. Il n’est pas normal que les salaires des ouvriers français soient inférieurs de 40% à ceux des ouvriers belges ou allemands (source Le Figaro). Faut-il imposer un écart maximum entre les plus bas et les plus hauts salaires d’une entreprise, et si oui à quel niveau : 1 pour 20, 1 pour 50, 1 pour 100 ? Pourquoi ne pas indexer l’évolution des salaires des grands patrons en pourcentage à l’évolution des plus faibles salaires de l’entreprise ?
Il ne faut pas attendre du Medef ou du gouvernement qu’ils prennent l’initiative sur ces questions. C’est au PS de les imposer au débat public.
Val