Pour faire de l’Europe une terre d’accueil

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po


Jeudi dernier, une loi proposée par la Ligue du Nord (extrême droite italienne) instaurant le délit d'immigration et de séjour a été votée à la Chambre italienne. Ce délit sera passible d'une amende allant de 5 à 10 000 euros, et l'hébergement d'un sans-papier pourra être puni d'une peine allant jusqu'à trois années de prison. Cette loi est une nouvelle provocation de la part de Berlusconi qui a toujours fait des thématiques xénophobes et populistes sa ligne politique. Mais ce cas n'est pas isolé.

Déjà en France, le séjour irrégulier est pénalement répressible. Un étranger sans titre de séjour, présent sur le territoire français, est considéré comme délinquant. On observe ainsi en Europe une fermeture tangible des frontières, accentuée par la "directive retour" adoptée en juin 2008. Ce texte fixe des règles biens précises en matière de retour, d'enfermement ou d'admission. Il cherchait pourtant à harmoniser les conditions de reconduite aux frontières ou de régularisation entre les différents pays européens. Mais, vidé de son contenu en chemin, il n'a conservé que son aspect répressif.

S'il y avait des garanties minimales, ce texte laisse une trop grande marge d'interprétation de la part des Etats. Ainsi, le taux de reconnaissance du statut de réfugié d'une population comme celle des Irakiens est de 89% en Allemagne contre 0% en Grèce. De grandes disparités entre les Etats existent, quant à l’accueil des populations étrangères. En outre, cette directive est accompagnée d'un volet répressif inacceptable. Les étrangers sans-papiers pourront être enfermés jusqu'à dix-huit mois dans un centre de rétention. Rien ne justifie cet enfermement, encore moins pour les mineurs non-accompagnés qui subissent le même sort. Si en France ce délai est limité à 32 jours, d’autres pays ne fixent pas de délai.

Proposition n°46 : Une Charte européenne pour l'immigration, nécessaire et juste.

Cette différence entre les pays est problématique. L'Europe doit être en cohérence avec les principes qu'elle porte : Droits de l'Homme, droits fondamentaux, respect de la dignité humaine. C'est tout d'abord par une harmonisation positive des statuts de réfugiés dans les différents Etats que le problème trouvera sa solution. Les Etats membres doivent avoir une seule et unique politique aux frontières. Il est nécessaire d’avoir une charte commune faisant état d’une intégration citoyenne progressive des migrants, en mettant à leur disposition les outils pour leur permettre de s’exprimer.

Proposition n°49 : Un Système commun européen d’accueil des réfugiés.

Il nous faut un organe garantissant la reconnaissance du statut de réfugié unique en Europe ; le respect des droits des migrants, notamment le droit d’asile ; une meilleure solidarité entre les Etats pour une plus juste répartition des demandeurs d’asile en Europe. 80% des budgets alloués aux migrations des pays européens sont utilisés pour la répression et la sécurité, alors que seuls 20% sont utilisés pour l’intégration des migrants. Un effort financier est nécessaire et possible.

La question de l’immigration est problématique, car il est toujours dangereux, électoralement parlant, de prendre des positions universalistes, ouvertes à l’immigration. Rappelons que les migrants en Europe ont toujours existé et que la France est moins touchée que d’autres pays européens. Le taux d’étranger y est inférieur à 6%. Les migrants apportent aux pays qui les accueillent, tant sur les plans démographique et économique que culturel. Ils contribuent aussi au développement de leur propre pays par les transferts de leur revenu vers leur famille. La mobilité doit être un droit mondial. Pourtant, si les frontières physiques s’opposent à la libre-circulation de l’humain, ce ne sont pas les premières à combattre. Les frontières de l’esprit et la peur de l’étranger, voilà l’ennemi !

Aurélien

Publié dans Europe

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
La solution au "probleme" de l'immigration passe evidemment par la liberalisation et la baisse des forces de police consacrées à ce sujet. Il faut que ceux qui veulent venir en Europe puissent pouvoir le faire librement.
Répondre
A
Je préfère ne pas revenir sur ta définition de la délinquance qui est pour le moins succincte. Ce terme est suffisamment vaste et vague pour ne pas être utilisé à tort et à travers, comme tu le fais. Selon ta définition tu mettrais le migrant, le voleur qui vole pour des besoins vitaux, dans le même panier, que le terroriste. Drôle de manière de voir la justice. Heureusement que le code pénal est plus précis que toi en matière de définition.<br /> <br /> « Plus pragmatique, l'Europe c'est quelques centaines de millions d'habitants, les candidats potentiels à l'immigration en Europe est de quelques milliards. »<br /> Non non, tu te trompes, c’est plutôt des centaines de milliards ! Je ne sais pas d’où tu tiens tes chiffres mais ton ignorance dépasse ton arrogance. Il suffit de prendre le cas de l’Espagne qui suite à la régulation massive de 700 000 sans-papiers sous Zapatero, a certes connu un maintien de l’immigration, mais pas d’augmentation drastique de cette dernière. Cela veut dire que le fameux « appel d’air » dont l’extrême droite nous bassine depuis des années n’existe pas en réalité. La plupart des migrations dans le monde se font dans les pays voisins. Faute de moyens, les candidats à l’immigration sont contraints de rester dans les mêmes régions et finalement s’échangent entre les pays. Ce n’est pas l’ « ouverture des vannes » comme tu l’appelles qui favorise l’immigration ; ce sont les conditions d’origines de ces pays qui sont les causes réelles de ces émigrations. Je ne nie pas que l’Europe semble être l’Eldorado pour ces migrants, mais il ne faut pas oublier que beaucoup d’entre eux sont dans l’incapacité financière de quitter leur pays, ou tout simplement ne le désirent pas !<br /> <br /> « La seule issue est que chacun reste chez soit car la mixité montre ses limites (surtout quand les réligions s'en mèlent); »<br /> Et les moutons seront biens gardés, et on oublie les problèmes des autres. Mais oui, fermons les frontières, on sera plus tranquille.<br /> Soyons sérieux deux minutes. Déjà, interdire les migrations, c’est physiquement impossible, l’exemple des Etats-Unis nous le montre assez bien. Deuxièmement, cela s’oppose formellement aux droits fondamentaux que j’évoquais dans mon article, notamment celui de circuler librement. Les frontières sont contre-natures, et rien ne semble pouvoir les justifier. Seuls les régimes dictatoriaux ont une politique telle que celle-là. Par ailleurs, la mixité ne trouve ses limites que lorsqu’on ne l’accepte pas.<br /> Enfin économiquement parlant, je cherche toujours les méfaits de l’immigration. Et ton commentaire ne semble pas me donner de réponse crédible si ce n’est « on va tous mourir, l’Europe va couler sous le poids migrants ». J’avoue que je suis déçu.<br /> <br /> Sur ta vision d’un nouvel ordre économique mondial, je m’oppose formellement à l’idée d’un néo-colonialisme économique qui voudrait que les pays sous-développés soient à la remorque de l’initiative économique, comme ils l’ont toujours été depuis des centenaires. Le colonialisme et le libéralisme à outrance ont contribué à leur paupérisation et le maintien de cette logique « égoïste » ne fera qu’amplifier le phénomène.<br /> <br /> « A moins, face aux sondages désastreux pour un PS moribond que ce soient les dernières cartouches désespérées pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être. »<br /> Je trouve au contraire que ce sujet n’est pas assez abordé par les socialistes alors qu’il s’agit d’un enjeu crucial sur l’orientation de l’Europe que nous voulons. Comme je l’ai dit dans mon article, ce sujet n’est pas très attrayant pour les électeurs (comme toi) qui ne pensent l’immigration que par la peur de l’étranger. Je suis socialiste et je tente d’expliquer ce que fait mon parti et d’exprimer mes désaccords. Peut-être pourrais-tu enfin à ton tour assumer tes convictions et tes appartenances en évitant de les rejeter par une question ironique en conclusion de ton intervention.
Répondre
S
D'un point de vue juridique tout d'abord, la démocratie est maintenue en place par des Lois. Elles ont pour but de protéger les citoyens et la Nation. Sans cela c'est aux choix: le chaos, l'anarchie, la dictature... mais pas la démocratie.<br /> <br /> Toute personne contrevenant aux Lois d'un pays est alors hors la loi et donc délinquant. Votre vision romantique de la Loi et de la Nation et ses interprétations mouvantes et émotionnelles n'existe que dans vos esprits. On est d'ailleurs plutôt laxe sur sa mise en application.<br /> <br /> Plus pragmatique, l'Europe c'est quelques centaines de millions d'habitants, les candidats potentiels à l'immigration en Europe est de quelques milliards. Alors oui c'est pas bien on a tout (plus pour très longtemps), ils n'ont rien. Mais ouvrir les vannes en grand comme vous le désirez reviendrait à purement et simplement anéantir l'ensemble (ce qui arrivera tôt ou tard la planète ne pouvant en l'etat nourrir plus de 10 à 15 Mds d'habitants). La seule issue est que chacun reste chez soit car la mixité montre ses limites (surtout quand les réligions s'en mèlent); et que le meilleur moyen de les aider est que nous devons continuer à progresser égoistement en les aspirant même de loin dans notre sillage autorisant même parfois que l'élève dépasse le maître, preuve que ce système n'est pas si injuste et inutile. Une redistribution complète de tout à tous ferait que nous aurions plus que quelque $ chacun, empéchant de surcroit toute progression.<br /> <br /> A moins, face aux sondages désastreux pour un PS moribond que ce soient les dernières cartouches désespérées pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être. Mais là ou vous vous trompez, c'est que le français est particulièrement égoiste. Alors ce discours délirant très chrétien du nous sommes tous frères et autres venez à moi les petits enfants du Monde ne tiennent pas même à Gauche (sauf chez les bobos rive Droite ou alors à l'extrème car eux veulent le chaos mais ils vous abhorent, donc peine perdue la drague) . Je vous renvoie vers Bisounours qui lors d'une récente et longue intervention sur la pensée comtemporaine fait une analyse sociétale que je partage en grande partie (pour une fois! ça y est je suis facho?)
Répondre
L
Vote socialiste! Tu te feras mieux baiser!<br /> <br /> http://www.fdesouche.com/articles/42121
Répondre