Conférence autour de Laurent Fabius, en présence d’E. Maurel.

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po

Comme pour S. Royal, la réunion était divisé en deux parties : D’abord une interview filmée de Laurent Fabius d’environ 20 minutes puis des questions de la salle à Emmanuel Maurel, l’un de ses proches.

 

Les positions de Fabius

 

 

 

 

-Sur l’Université :

            Malgré les problèmes que rencontre l’université,  Fabius constate qu’on a plus de facilité a trouvé un emploi si on est allé dans le supérieur que si l’on n’y est pas allé. Il est contre la sélection par l’argent et croit au modèle de l’université française. Il pense qu’il faut travailler sur une meilleure orientation des jeunes et sur un renforcement des sections technologiques et professionnelles.

            Il n’est pas d’accord avec DSK sur sa position de permettre aux entreprises de financer l’université. Il veut par ailleurs démocratiser les grandes écoles. Globalement, il veut renforcer l’université par des moyens financiers. L’université dispose de moyens qui représente 1/3 de ce dont dispose l’université américaine.

 

-Sur la compétitivité de la France

 

            Il considère qu’il faut faire attention aux classements internationaux et à leurs critères. Pour lui, le gros problème est le manque d’effort dans la recherche, dans le long terme (minimum 10 ans).

            Le signe de la baisse de compétitivité de la France , c’est le déficit de la balance commerciale. Cela s’explique par le fait que la France n’a pas fait forcément les bons choix et investit dans les bons secteurs.

            Il faut par ailleurs ne pas surcharger les entreprises, mais les pousser à innover. Les socialistes doivent jongler entre une jambe « pouvoir d’achat », et une jambe « innovation ». Il faut aussi se poser la question de la recherche en Europe, de la politique de change pour l’euro.

 

-Sur les banlieues

 

            La crise vient des problèmes du logement, de la baisse du pouvoir d’achat, des provocations de Sarkozy, du sentiment d’exclusion. Il faut mener un effort d’emploi, d’éducation, de logement, et de refus de la discrimination. Pour cela il faut assurer des pré-recrutements pour les personnes des quartiers.

            Il faut casser les ghettos urbains, mais ne pas tomber dans la mesure « démago » de supprimer la carte scolaire. Il faut enfin remettre en place la police de proximité. La gauche a dans ses gènes la volonté de redonner de l’espérance.

 

-Sur l’immigration

 

            Les migrations sont une richesse. Il faut une maîtrise de flux mais il ne faut pas tomber dans les discours immigré=ennemi.

            Concernant l’immigration, il faut conserver le droit d’asile et le regroupement familial qui sont dans nos lois. Mais comme « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » (Rocard), il faut travailler pour le développement des pays pauvres.

            Le problème de Sarkozy, c’est que sa loi crée des personnes qui ne sont ni régularisables, ni expulsables. Les personnes immigrées, sur le sol français depuis doivent pouvoir être régularisées. Elles doivent pouvoir disposer du droit de vote. Pour cela, il faut mettre en œuvre la grande république parlementaire en place dès septembre 2007 pour que les immigrés puissent voter lors des élections municipales suivantes.

 

-Sur l’énergie et l’environnement

 

            Il faut rendre hommage aux écolos ; le PS est né dans les usines et il faut admettre qu’à la base, ce n’était pas un thème qu’il jugeait important. Mais aujourd’hui, la planète risque de devenir invivable et il faut mener une économie qui va dans le sens de l’écologie. L’environnement doit être une clé de la croissance. Il faut bâtir une loi, qui aura des objectifs chiffrés, concernant les économies d’énergie (grâce à des incitations fiscales), les énergies alternatives, les actions rigoureuses sur l’eau et les transports collectifs

            L’environnement, c’est la victoire du socialisme. Avec le marché, on ne peut pas contrôler la pollution. C’est un cas qui prouve la nécessite d’intervention publique dans l’économie. Il faut un secteur de l’énergie fort, avec EDF-GDF public.

 

-Pourquoi Fabius en 2007 ?

 

            Il faut mettre fin à cette monarchie irresponsable, il faut mettre en œuvre une République parlementaire nouvelle. Mener une nouvelle politique avec des institutions différentes. Le parlement doit être le cœur de la démocratie et le 1er Ministre, qui dirige le pays, doit être responsable devant le Parlement. Le président doit donner les impulsions, les grandes lignes, les valeurs mais c’est le Premier Ministre qui doit mettre les mains dans le cambouis.

            « Pourquoi moi-même ? » Parce que la France est un pays extraordinaire que je veux servir.

 

Réponses d’Emmanuel Maurel

 

-Sur l’Europe

E. Maurel insiste sur le nécessaire respect du vote du peuple français. Si l’on passe un nouveau traité, il ne peut être adopté que par referendum. Il distingue la ligne DSK, qui consiste à s’aligner sur la social-démocratie européenne à la ligne Fabius, adapté à la réalité du monde d’aujourd’hui. Il insiste aussi sur le fait qu’après la présidence française de 2008, il n’y aura plus de présidence française pour très longtemps. Il ne faut donc pas se rater.

 

-Sur l’emploi

Cela doit être la priorité numéro 1. Il explique l’importance de l a hausse du SMIC dès l’arrivée au pouvoir des socialistes. Si les revenus les plus modestes ont plus d’argent, ils consomment et participent au retour de la croissance. Il faut également que d’ici fin 2012, on passe la part de la recherche dans le PIB à 3%. Il faut aussi changer les objectifs de la BCE qui aujourd’hui ne se concentre que sur la maîtrise de l’inflation. Il faut donner des Bonus/Malus aux entreprises qui font appel aux emplois précaires.

 

 -Sur le service civique obligatoire

On lui demande si Fabius va respecter le programme socialiste en mettant en place ce service civique obligatoire. Il indique que c’est un sujet qui divise les socialistes. Pour sa part il est plutôt réservé. C’est un projet qui va coûter cher (3,5 milliards d’euros) et la plupart des jeunes y sont hostiles (80%). Mais il précise que dans une société de plein-emploi ce serait une mesure intéressante. 

 

-Sur le financement

 

Il faut mieux redistribuer l’argent et le prendre là ou il y en a c’est-à-dire les exonérations de cotisations fiscales pour les grandes entreprises (aujourd’hui, ça représente 24 milliards d’euros), et dans la réforme fiscal mené par la droite au cours de ce quinquennat. Par ailleurs, en ce qui concerne la dette publique, il ne sert à rien de voir quelle est sa valeur exacte. Il faut mesure l’évolution (dette publique / richesse produite). Ca correspondait à 56% en 2002 et on en est à 68% aujourd’hui.

Les priorités de Fabius sont le pouvoir d’achat, le logement, l’éducation, la réforme des institutions et la négociation d’un nouveau traité.

 

-Sur le logement

 

Par rapport à la loi SRU, il faut que les préfets puissent se substituer aux maires, si ceux-ci refusent de mettre en place les logements sociaux que leur impose la loi.

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E
Je suis assez d'accord avec toi Fab. La position de Fabius sur la dette était un vrai problème. Mais bon de toute façon il n'a pas été désigné!
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F
DSK m\\\'apparaît plus à gauche que cet exposé de Fabius: 1. cadeaux aux entreprises. Je ne vois pas pourquoi les entreprise, sui donnent déjà peu en mécénat, devrait garder leurs profits, et se dispenser de financer la recherche, qui a pris un retard si considérable. C\\\'est un cadeau au conservatisme entreprenarial! 2. Pas de politique d\\\'intégration. Rocard avait insisté en son temps sur le nécessaire temps qu\\\'il faut pour intégrer. Fabius, qui reprend ici ses propos, les a contesté publiquement, lors du débat télévisé. "La France, c\\\'est la France". Bon Dieu. Donc, il n\\\'y a pas de limites.  3. Déclassement salarial. La seule hausse du SMIC va laisser au bord de la route nombre de salariés, qui ont la "chance" de gagner quelques euros de plus. C\\\'est créer de nouvelles sources d\\\'animosité dans les faibles revenus.   4.Rien sur la dette. La gauche doit pourtant être l\\\'ennemie de la dette phénoménale qui pèse sur nous les jeunes.Le dispositif de patrimoine de départ de DSK a au moins le mérite de contre-balancer tout ce diagnostic. En somme, Fabius tient un discours de gauche, mais ses propositions ont l\\\'effet contre-productif de nuire aux électeurs de gauche.
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