N'allons pas pleurer Johnny Hallyday
Johnny Hallyday a annoncé sa décision de s'installer en Suisse six mois par an, pour raisons fiscales. Nous ne nous réjouissons pas particulièrement de son départ, mais compte tenu des réactions à droite, plusieurs remarques s'imposent :
3000 grandes fortunes étrangères vivent en Suisse, toutes nationalités confondues. A contrario, 400 000 personnes sont soumises à l'ISF. La fiscalité à laquelle ils sont asujettis n'est pas la fiscalité des citoyens de nationalité suisse. Nombreuses sont celles qui s'y sont installées, puis sont rentrées en France : Alain Afflelou, Jeanne Moreau, etc. Cela remet en cause les argumentaires démagogiques, qui tentent de faire croire que l'ISF saigne à blanc les "riches" et les pousse à l'exil. Cet impôt est un impôt de solidarité, qu'il n'est pas question de supprimer.
Selon le palmarès 2004 du Figaro Entreprises, Johnny Hallyday a gagné 5,1 millions d'euros sur ses seuls revenus issus du spectacle. Si l'on part sur une base (surestimée) de 80% d'imposition, il lui resterait toujours au moins un million d'euro, auxquels s'ajoutent les revenus annexes, dont ceux de la publicité. Faudrait-il pleurer sur le sort de Johnny, alors que le salaire médian est inférieur à 1500 ?
Cependant, Johnny garde sa liberté de circulation ; libre à lui de s'installer en Suisse s'il considère que l'herbe y est plus verte. Il est triste de constater en revanche la réaction maladroite de Nicolas Sarkozy : "Je voudrais que tout le monde considère qu'on peut vivre en France même quand on y réussit. La France ne doit pas être seulement accueillante pour ceux qui n'ont pas de formation, pas de papier et pas de volonté de réussir". Outre le manque de respect à l'égard de tous les français formés et ambitieux qui aiment leur pays (moi la première), cela ne peut que nous faire penser à la petite formule d'il y a quelques mois : La France, tu l'aimes ou tu la quittes. Monsieur Sarkozy, cela ne s'addressait donc bien qu'à tout ce qui est jeune et arabe ?
S'il faut réformer la France, faut-il commencer par écouter ceux qui ne gagnent que quelques millions d'euros... ou ceux qui s'offusquent des inégalités, du racisme et de la stigmatisation dont ils sont les victimes ? Encore une fois, tout est question de priorité ! Petite liste indicative de ce qui devrait passer avant la réforme de l'impôt : amélioration des services publics, réforme du financement de l'Etat, dette publique, imposition qui écrase les classes moyennes en préservant les plus aisés, faible pouvoir d'achat.
Nous sommes cependant satisfaits que ce débat permette de mettre en avant quelques points. La droite n'arrive pas à juguler les dépenses du pays, favorise la situation des plus aisés à défaut de réussir à relancer la croissance, et ces vraies questions (celles sur lesquelles la gauche est systématiquement attaquée) restent en suspend.
En attendant une réelle politique de solidarité et de redistribution, je vous invite à lire la position du Parti Socialiste sur la question de la fiscalité et du budget en 2007 :
[...]
"L'insincérité du budget 2007 marque elle aussi les esprits. En effet, comment le gouvernement peut-il honnêtement affirmer :
que la baisse de la dette est sa priorité, alors qu'elle est passée en quatre ans de 58,6% à 66,6 %, sa stabilisation récente étant le fait de manipulation des règles de gestion dénoncée par certains élus de la majorité ?
que la dépense publique est contenue, alors que les statistiques annexées au PLF indiquent quelle est passée de 51,5 % du PIB en 2001 à 53,9 % en 2005, et ce sans compter les 10 milliards d'euros dengagements annoncés mais restant à financer ?
que les impôts baissent, alors quel'ensemble des prélèvements a augmenté de 17 milliardds 'euros depuis 2002, passant de 43,1% à 44% du PIB, ce qui représente une hausse moyenne de 531 euros par foyer fiscal ?"