La "numérologie programmatique" va-t-elle se substituer au débat de fond ?
La mode semble être à la calculette en cette campagne. Estimations de l’Institut de l’entreprise (que l’auteur de ce post porte peu dans son cœur par ailleurs), contestations, rectifications, mises à jour : chaque jour apporte son lot d’estimations du coût supposé du programme de chaque candidat(e).
Si la transparence sur la faisabilité des projets de chaque prétendant à l’Elysée est plus que souhaitable et s’il semble légitime d’informer les citoyens sur l’impact des programmes sur les finances publiques, il n’en demeure pas moins que la tendance actuelle confine plus qu’à l’excès...
Habilement instrumentalisée par l’UMP pour tenter de « noyer » les 100 propositions faites par Ségolène Royal à Villepinte, ce qui s’apparente à de la « numérologie programmatique » tend à se substituer aujourd’hui au fond du débat.
Pourtant, ces chiffrages ont quelque chose de troublant : alors même que le périmètre des mesures proposées n’a pas été arbitré, certains « experts » sont capables de chiffrer les programmes des candidats. Extraordinaire performance qui peut laisser songeur car ces estimations ne tiennent aucunement compte de l’impact économique de chaque mesure.
Cela n’empêche pas les dits « experts » de venir présenter sur les plateaux de télévisions leurs « chiffrages ». Et l’on est stupéfait de voir que lorsqu’ils sont interrogés sur le périmètre des propositions et la pertinence de chaque mesure, ils se lancent dans des réponses hasardeuses qui cachent mal leur ignorance.
Non, la numérologie programmatique est une science très inexacte qu’il faut remettre à sa juste place. L’invasion des chiffrages dans la campagne et la focalisation sur ces « estimations au doigt mouillé » a quelque chose de révélateur sur le plan idéologique : elle révèle une tendance, d’imprégnation néolibérale, à ne juger une proposition politique comme bonne ou mauvaise qu’à l'aune de sa neutralité ou non sur les finances publiques. Et devinez, ce qu’est, dans cette approche, une bonne mesure politique... Le problème, c’est qu’une proposition peut avoir un impact faible voire nul sur les finances publiques est être en même temps très peu efficace voire très mal inspirée au regard d’autres critères (efficacité économique, équité et cohésion sociales, etc.). Et revoilà le spectre de la dépolitisation...
Bastien Taloc
Si la transparence sur la faisabilité des projets de chaque prétendant à l’Elysée est plus que souhaitable et s’il semble légitime d’informer les citoyens sur l’impact des programmes sur les finances publiques, il n’en demeure pas moins que la tendance actuelle confine plus qu’à l’excès...
Habilement instrumentalisée par l’UMP pour tenter de « noyer » les 100 propositions faites par Ségolène Royal à Villepinte, ce qui s’apparente à de la « numérologie programmatique » tend à se substituer aujourd’hui au fond du débat.
Pourtant, ces chiffrages ont quelque chose de troublant : alors même que le périmètre des mesures proposées n’a pas été arbitré, certains « experts » sont capables de chiffrer les programmes des candidats. Extraordinaire performance qui peut laisser songeur car ces estimations ne tiennent aucunement compte de l’impact économique de chaque mesure.
Cela n’empêche pas les dits « experts » de venir présenter sur les plateaux de télévisions leurs « chiffrages ». Et l’on est stupéfait de voir que lorsqu’ils sont interrogés sur le périmètre des propositions et la pertinence de chaque mesure, ils se lancent dans des réponses hasardeuses qui cachent mal leur ignorance.
Non, la numérologie programmatique est une science très inexacte qu’il faut remettre à sa juste place. L’invasion des chiffrages dans la campagne et la focalisation sur ces « estimations au doigt mouillé » a quelque chose de révélateur sur le plan idéologique : elle révèle une tendance, d’imprégnation néolibérale, à ne juger une proposition politique comme bonne ou mauvaise qu’à l'aune de sa neutralité ou non sur les finances publiques. Et devinez, ce qu’est, dans cette approche, une bonne mesure politique... Le problème, c’est qu’une proposition peut avoir un impact faible voire nul sur les finances publiques est être en même temps très peu efficace voire très mal inspirée au regard d’autres critères (efficacité économique, équité et cohésion sociales, etc.). Et revoilà le spectre de la dépolitisation...
Bastien Taloc