C’est l’heure de choisir une nouvelle approche de la République et du développement.

Publié le par Marilza de Melo Foucher

 

Cette campagne électorale française comporte de nombreuses énigmes. La richesse de l’histoire politique de la France réside dans sa capacité à débattre de ses contradictions et à agir en conséquence. Malgré le nombre de candidats et la volonté de certains d’entre eux d’innover dans en politique, à l’exemple de Ségolène Royal, la pauvreté des analyses en cours est regrettable. Il est rare de voir, à la télévision ou dans les grands journaux, des analyses ou des comparaisons en toute neutralité des propositions des candidats(es), et de leurs potentiels. Le monde médiatique abandonne l’approche comparative de la politique. La presse écrite et l’audiovisuel préfèrent les généralités et s’en réfèrent, sans cesse, aux sondages, assénés sans répit et sans neutralité.

 

Aujourd’hui, il paraît plus intéressant pour les électeurs/électrices de consulter les regards croisés des internautes sur les sites politiques et autres blogs où foisonnent des analyses pertinentes des enjeux politiques, économiques, environnementaux, internationaux, bien plus critiques et libres que dans les autres médias. Les fausses affirmations foisonnent. Certains journalistes décrètent sans autre forme de procès qu’il n’existe pas de différence entre les propositions de Ségolène Royal et celles de François Bayrou, dont personne n’a connaissance. Cette même presse assurait, auparavant, que le seul candidat à avoir un programme pour gouverner la France était M. Sarkozy. Sans diaboliser la presse dans son ensemble, ni mettre tous les journalistes dans le même sac que ceux qui, comme leurs patrons, roulent pour Sarkozy, je m’interroge sur le mépris affiché parfois vis à vis de la candidature de Ségolène Royal.  

 

Pourquoi, notamment, médias et analystes politiques ont-ils pris ombrage de la méthodologie participative prônée par la candidate socialiste ? Ces critiques semblent ignorer la gravité de la crise traversée par le système politique et sous-estiment ainsi l’impulsion que cette méthode apporterait à la rénovation démocratique, en France, où les élus sont perçus comme une élite coupée de ses électeurs. Or, pour la première fois dans l’histoire de la République française, une femme candidate à l’élection présidentielle élabore un pacte de 100 propositions issues d’un travail d’écoute et de discussions directes avec les citoyens et citoyennes. 5 000 débats participatifs ont eu lieu sur tout le territoire, et 135 000 contributions écrites ont été rassemblées. Cette démarche n’est-elle pas salutaire pour la démocratie française ? Cette femme et son équipe ont réussi à mobiliser les savoirs associatifs pour bâtir un pacte qui honore la politique ! Le dialogue est important pour répondre aux questions soulevées par les organisations non gouvernementales, le monde de la recherche, de l’éducation nationale, les organisations d’étudiants, les présidents des universités, les représentants du monde politique, des entreprises privées et publiques, les syndicats, les magistrats, les administrations publiques, et enfin par les citoyens et citoyennes qui veulent un changement dans la façon de gouverner. Ils, elles, veulent être les protagonistes de ce nouveau défi. Construire cette France citoyenne, c’est d’abord renouveler notre système de représentation politique et de participation des citoyens.

 

Face à la crise de confiance des Français envers leurs gouvernants, il faut mettre plus de démocratie au cœur de la République, la France doit en finir avec l’héritage monarchique et la république des notables. Les électeurs attendent de vrais engagements des décideurs politiques et ils veulent être associés aux politiques publiques qui les concernent. La réforme de l’Etat proposée par Me Royal contribuera à guérir la France du pouvoir centralisé et à revigorer ainsi le système politique grâce à la redéfinition du rôle de l'État. L’organisation administrative de la France est complexe et construire un pouvoir plus démocratique sera un travail de long terme. Me Royal est la seule candidate qui ose casser ce tabou et sur ce sujet, existent des différences cruciales entre les candidats. Sa conception de l’Etat s’oppose à celle de M. Sarkozy, synonyme de concentration extrême du pouvoir, où la décentralisation est synonyme de moins d’Etat.

 

Mener cette réforme, c’est mettre en place une stratégie d'action participative. Elle développe une vraie réflexion sur le rôle de l'Etat et sur l’exercice de la citoyenneté. La question de la décentralisation ne sera pas résolue sans redéfinir le rôle de l'Etat aux différents échelons du pouvoir : national, régional, départemental, municipal. De quelle marges de manœuvre dispose-t-il pour mener des politiques publiques, et élaborer une politique économique d’inclusion sociale?

 

Plutôt que d’accuser la candidate socialiste de manquer de projet et de compétence pour gouverner la France, comparons ses propositions à celles de ses challengers ! Cette femme affiche la volonté d’agir d’une autre façon en politique. Pour elle, le respect des citoyens est fondamental. Ce faisant, il est logique qu’elle perturbe les schémas de la politique traditionnelle en France. En effet, dans notre pays, le monde politique se conjugue au masculin.

 

Pour faire émerger, en politique, une culture de coopération dans ce pays, il faut bâtir de vrais partenariats entre l’état et les organisations représentatives du monde associatif au niveau national, notamment, celles qui sont sur le terrain dans les quartiers difficiles. Dans un contexte de crise des rapports entre générations, il ne faut pas stigmatiser les jeunes des banlieues, mais bien au contraire leur redonner confiance et estime de soi. Les mutations de notre société ne touchent pas seulement le monde de travail, mais aussi la justice, le système éducatif, l’aménagement du territoire, l’organisation de nos villes, l’environnement. Tout cela exige des élus une vision intégrée du développement national et aussi international de la France, notamment en matière de coopération avec ses anciennes colonies. Cette démarche est nécessaire pour prendre conscience des nouveaux enjeux de la globalisation tout en se projetant dans l’avenir sans avoir peur de l’autre.

 

Outre établir des diagnostics, il faut construire des projets novateurs et rassembleurs. Personne ne détient tout le savoir. Patience, modestie et ouverture d’esprit sont de mise pour réussir à socialiser les savoirs et les expériences au service de la République. Laissons les précipitations, la soif du pouvoir et de centralisation à Sarkozy, il est atteint d’une espèce rare de maladie, la névropathie du système de pouvoir !

Marilza de Melo Foucher est de double nationalité brésilienne et française, docteur en économie et consultante internationale pour le développement intégré et durable.

Publié dans Point de vue militant

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S
Amis Jedi de Gauche et de Droite, a lire vos commentaires sur une VIème d'une technicité rare j'ai l'impression de voir des passes faites par des maîtres d'arme.<br /> Ce qui me parait plus intéressant c'est pourquoi une VIème (même si comme le fait remarquer justement Samantha, c'est une nouvelle promesse intenable)?<br /> Pourrions nous discuter de l'énième effet de manche de MSR qui nous sort un nouveau "truc" a priori sans avoir trop consulté une fois de plus en interne (voir le grand revirement de Jack,le plus vieux Djeuns de France).<br /> Etait-ce issu des métaphysiques et  contemplatifs débats participatifs?<br /> Pourquoi n'est-ce pas dans les 100 propositions si c'est si important?<br /> Pourquoi est-ce sorti comme une promo de lessivier, comme nouveau remède à tout faire du Docteur Royal?<br /> Moi, sur le fond ça m'interpelle beaucoup ces façons et les vrais motivations, pas vous?
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E
Voilà un commentaire construit et argumenté, qui est de nature à convaincre tout le monde que... quoi, d'ailleurs ?<br /> Peut-être veux-tu dire que Ségolène est la seule à avoir donné la possibilité aux 60 millions de Français que nous sommes de débattre ensemble sur l'avenir de la République ?<br /> Fais attention quand même, tu as aussi l'air de suggérer que les Français ne sont bons à rien d'autres que des jérémiades...
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E
Effectivement, je n'ai jamais entendu parler des "bobos du basile" (merci Néel d'avoir rétabli la vérité)... pour la "réponse concrète" que souhaitait Samantha, effectivement le Sénat est de droite ; mais il est juridiquement envisageable d'organiser un référendum permettant de lever le droit de veto aux modifications constitutionnelles du Sénat (qui n'a au demeurant aucune raison d'être), puis dans un deuxième temps d'organiser la révision de la Constitution proprement dite.Quant à dire que "le constituant, c'est le peuple", c'est joliment idéaliste, mais proprement ridicule : il faudrait une table bien grande pour rassembler autour d'elle les 60 et quelques millions de Français !
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N
Samantha, Etienne t'a répondu pendant que tu écrivais à "rat mort". Je me permetsde compléter. Faut-il te rappeler que SI Mme Royal est élue, les législatives restant à venir, elle peut leur donner une nouvelle dimension, par exemple en réaffirmant sa volonté d'une nouvelle république, d'une 6e République, et en décidant que l'assemblée élue sera constituante. C'est-à-dire qu'elle rédigerait le texte, en suivant les grandes lignes tracées par la candidate du PS. Ensuite, les français seraient appelés à l'adopter, ou non. j'avoue ne pas connaitre les détails. Eh oui, meme les plus fervents militants PS sont faillibles ;-) ceci dit, tu es toi meme faillible : Emmeline est à l'ENS, et n'a jamais participé à des conversations bobos au basile que tu semble si bien connaitre (et voila comment, en une phrase, on ruine son propre post, pourtant si sérieux par ailleurs)
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S
Triste destin en effet que celui de ce blog : poser une question concrète, technique, ouverte et sans agressivité, demander un éclairage sans invective ni injure et se voir simplement qualifié de troll en guise de réponse. <br /> Mais tu as raison, mieux ne pas me parler, je sens le souffre! <br /> A mon sens si l'objectif est de rester entre soi, mieux vaut éviter le blog et se cantonner aux recoins bobos du Basile...
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