Quand Marie N'Diaye ose s'affranchir du « devoir de réserve ».
Mme de La Fayette l'a échappé belle ! Quel sort lui aurait réservé Eric Raoult si elle avait vécu au XXIème siècle sous le régime de Nicolas Sarkozy. On se souvient que la Princesse de Clèves a fortement déplu à sa Majesté, à tel point que sa seule lecture est devenue désormais, pour les opposants au régime, un acte de résistance.
Jamais, Nicolas Sarkozy n'aurait toléré la publication d'un tel ouvrage! Quelle image de la France donne en effet ce roman à l'eau de rose écrit par une femme exaltée par ses passions amoureuses ? Celle d'un pays où les jeunes gens n'en finissent pas de conter fleurette à tout bout de champs, où les jeunes filles passent leurs journées à révasser au lieu de se mettre au travail ! Et puis, cet étalage de sentiments, ne correspond pas du tout aux recommandations de Dominique Paillé, qui invite les écrivains à faire preuve de « mesure », pour reprendre l'expression du porte-parole de l'UMP à propos des déclarations de Marie N'Diaye.
Le cas de Mme de La Fayette est cependant moins grave, que celui de l'auteure de Trois Femmes Puissantes, récemment primé par le comité Goncourt. Avec le temps, on peut estimer qu'il y a prescription, on pardonnera d'autant plus facilement Mme de La Fayette, qu'elle n'a pas osé critiquer le pouvoir en place, comme Marie N'Diaye, jugeant « monstrueuse » la France de Nicolas Sarkozy.
Comment tolérer de tels propos contraires au devoir de réserve, qui selon M. Raoult doit s'imposer à tout écrivain respectable, souhaitant obtenir les faveurs de la Cour, et espérer ainsi rejoindre le Panthéon des artistes officiels du régime, aux côtés de Mireille Mathieu ou de Fifi Brindacier.
« Les artistes estiment avoir le droit de tout dire » fait-on remarquer d'un air indigné à la mairie du Raincy. Heureusement, le ministre de la culture est là pour protéger la liberté de parole de ces élus, qui comme M. Raoult montent au créneau pour défendre la Sarkozie contre les attaques de ces artistes effrontés.
«Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible » écrit Marie N'Dyaye dans un interview aux Inrokuptibles. Ces « gens- là », cela fait maintenant deux ans qu'ils gouvernent et c'est de leurs propos à eux que l'on devrait s'inquiéter, si l'on ne veut pas que la France ressemble de plus en plus à une ancienne république soviétique.
A.L