L’ère du soupçon…

Publié le par Section socialiste de Sciences-Po


Pas celle de Nathalie Sarraute, mais celle que Nicolas Sarkozy aggrave.  Qui n’entend pas régulièrement que le moral des Français est au plus bas depuis la création de l'indicateur de l'INSEE,  que leur confiance est en berne ? Et si ce climat était
provoqué par le même gouvernement qui dit chercher à combattre cette atmosphère ? 

En effet, réfléchissons quelques instants à ce que présupposent certaines réformes menées par le gouvernement.

La « rétention de sûreté » tout d’abord (dont Florence Damiens avait déjà parlé ici) : elle crée une privation de liberté, non pour un acte commis, mais sur la présomption de dangerosité. Un individu pourrait être privé de liberté au motif qu’il serait susceptible de commettre un acte répréhensible. ….La question de la présomption d’innocence passe donc au second plan….et le soupçon passe en premier.
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Et puis, les politiques de l’emploi de M. Sarkozy. Les chômeurs seraient sanctionnés après deux refus d’emploi. Quelle est l’idée qui sous tend cette politique ? Le soupçon de la fraude. Les chômeurs ne veulent pas retourner au travail et il faut donc utiliser « le bâton » pour les y forcer. C’est tellement plus facile de voir les choses ainsi plutôt que de construire une véritable politique de l’emploi ….

 Quant au prochain qui prétendra que les gens qui touchent le RMI profitent vraiment du système,  qui parlera des « assistés perpétuels », il contribuera à justifier mes propos. Il y a effectivement sûrement quelques personnes qui gagnent le RMI et ne cherchent pas d’emploi, se reposant sur le reste de la société. Mais ce n’est qu’une minorité des minorités !... Le RMI est d’un montant très faible (pour rappel, il est de 447 euros par mois). Ce n’est pas avec un revenu aussi peu élevé qu’on vit bien. La plupart des RMIstes ne choisissent pas de ne pas travailler ! Surtout que la « valeur travail » - pas celle défendue par Nicolas Sarkozy- existe bien. Le travail a de la valeur et ne pas travailler est stigmatisant.  D’ailleurs, même parler de « RMIstes » est stigmatisant : cela les enferme dans une catégorie. Qui peut croire que c’est un choix ?...

Ainsi, critiquer l’existence ou le niveau du RMI s’inscrit dans cette ère du soupçon. On se méfie de tout. Chacun - enfin surtout ceux qui n’essaie pas de s’en sortir….-  est un tricheur en puissance. Au lieu d’avoir a priori confiance dans les membres de la société, c’est l’inverse qui se produit.

Alors que comme disait François Mitterrand : « Il y a des poissons volants, mais ce n’est pas la majorité des poissons »…


Camille Spire
 
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T
Vous avez bien raison. Mais toute la rhétorique sarkozienne fonctionne sur ce système là: l'apparence du bon sens & en réalité, le scandale d'une droite nauséabonde!<br /> dommage que votre article soit en partie en gras, comme si votre lecteur n'était pas capable de chosir ce qui lui paraît important lui-même!
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