Si Sarkozy était une femme, aurait-il si facilement oublié l’héritage de Mai 68 ?
Voilà une chose que je ne comprends pas… Pour les femmes, il fait meilleur vivre en 2008 qu’avant 1968 et je défis quiconque de me dire le contraire.
Il n’y avait soit disant « plus de valeur » dans le mouvement de 68 (dixit M. Sarkozy). Et l’égalité hommes- femmes alors ? Ca ne compte pas dans les valeurs peut être…
Petit retour sur la situation de la femme dans la société française à cette époque : le droit de vote des femmes a été instauré en France en 1944 ; en 1965, la femme est libre de travailler sans l’autorisation de son mari ; en 1967 avec la loi Neuwirth, la contraception est autorisée mais n’est pas remboursée par la sécurité sociale.
Mais dans les faits, la pilule n’est pas facilement prescrite et l’avortement est un délit. Les grossesses non désirées sont nombreuses et les femmes qui refusent la maternité avortent dans des conditions dramatiques. Dans le couple, l’autorité revient entièrement au père. Dans le travail, les femmes occupent des fonctions peu importantes. Les concours d’entrée à certaines grandes écoles leur sont fermés.
Mai 68, marque pour les femmes le début du féminisme. Il y des droits à acquérir : salaire – les femmes gagnent en moyenne 1/3 de moins que les hommes à travail égal- droit à l’avortement … et tout un modèle social à faire évoluer.
Le MLF, Mouvement pour la Libération des Femmes, se crée à la suite de mai 68. Ce fameux MLF n’est en effet pas tombé du ciel en 1970. .. Mai 68 a été l’aube qui l’annonçait.
Mai 68 a été un creuset. Il a favorisé l’émergence des principaux mouvements contestataires de notre époque. Un des héritages les plus visibles et les plus réussis est du côté de la libération des femmes, qui marque dans l’histoire du XXe siècle un tournant.
Les lendemains du mois de mai ont été chantants : remaniement du code civil en 70, dans lequel il est désormais écrit que « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille », décrets de l’application de la loi Neuwirth en 73 facilitant l’accès à la contraception, création d’un secrétariat d’Etat à la condition féminine en 74, loi Veil sur l’avortement en 75…Sans oublier tous les petits changements dans la société : l’autorisation du port du pantalon pour les filles dans les écoles, la création du jean unisexe, mixité des classes…
Ainsi, il n’est pas normal que professionnellement une femme éprouve plus de difficultés à s’affirmer, notamment au niveau du salaire qu’elles perçoivent, en moyenne 20% moins élevé que les hommes avec les mêmes qualifications… Après mai 68, la femme a gagné le droit d’exister et d’être reconnue professionnellement. Et pourtant, elle reste parfois conditionnée à son rôle de femme au foyer avec en prime un métier. Et c’est pour cela que les femmes militent encore pour acquérir les mêmes droits que les hommes et pour que les hommes assument les mêmes devoirs que les femmes.
Tant qu’il existera une journée de la femme qui nous rappelle que nous « sommes tous égaux, mais certains plus que d’autres », alors le féminisme aura toujours une raison d’exister et le mouvement amorcé en 68 continuera… Jusqu’au jour où il y aura 365 journées de la femme et 365 journées de l’homme…et plus besoin d’un 8 mars.
Alors, que reste-t-il sous les pavés de 68 ? Au moins un mouvement bien amorcé : le féminisme…
Camille Spire