C'est proche, mais ce n'est pas de la police de proximité... la grande bouffonnerie sarkozyste n'a décidément plus de limites
On croit rêver, on se pince mais malheureusement c'est vrai. Voilà six ans que la droite au pouvoir nous explique qu'outre les 35 heures, le deuxième malheur qui s'est abattu sur la France dirigée jadis par les socialistes, qui a même mis la France "à feu et à sang" est sans nul doute la fameuse "police de proximité".
Plus c'est gros, plus ça passe
40 000 voitures brûlées par an plus tard (20 000 entre 1997 et 2002, ce qui était loin d'être déjà fameux, on en convient...), une violence envers les personnes, notamment les actes les plus graves, en hausse de 20% sur 6 ans et voici qu'on nous explique qu'il faut rétablir la "police de quartier".
Rappelons toutefois que même sous cette dénomination, qui était celle du programme de Ségolène Royal, la droite l'a conspuée tout au long de la campagne, jusqu'à cette cette déclaration, encore une, tonitruante, de Nicolas Sarkozy le 29 novembre dernier.
Toutes les contorsions de langage sont aujourd'hui utilisées par l'UMP pour justifier ce revirement à 180°. Michèle Alliot-Marie, dont on avait oublié qu'elle était même Ministre, n'hésitant pas à se ridiculiser jusqu'au bout, explique que cette fois-ci elle ne veut pas une "fausse" mais une "vraie" proximité.
Alors que tous les gradés étaient le doigt sur la couture du pantalon pour ne pas déplaire aux "idées" arrêtées du grand chef sur la police de proximité, plusieurs rapports sont sortis au cours de la dernière année pour évoquer à chaque fois le nécessaire retour à une forme de police proche des citoyens. Un rapport sénatorial le recommandait dès octobre 2006 de manière générale, un rapport de l'IHES le recommandait encore en novembre dernier concernant le cas particulier de la Seine-St-Denis. Acculée, la droite n'a plus eu le choix. Mais que de temps perdu !
Les ravages de l’aveuglement sectaire
Certains veulent faire passer Sarkozy pour un homme ouvert, totalement dépourvu d'idéologie, en un mot pragmatique. Le gâchis terrible qu'a créé son entêtement sectaire à supprimer une bonne mesure pour la remettre en oeuvre piteusement cinq ans plus tard et son incapacité à reconnaitre ses erreurs servent en eux seuls à démontrer le contraire.
Les socialistes n’ont jamais défendu de manière idolâtrique la police de proximité. Ils n’en ont jamais fait un totem indéboulonnable. La « police de proximité » a été mûrement pensée, réfléchie. Elle a été définie pour la première fois lors du colloque de Villepinte en 1997. Jean-Pierre Chevènement disait alors la chose suivante :
"La police n'a pas pour seule tâche la répression de la criminalité. Elle doit prendre en compte, de plus en plus, les liens entre cise urbaine, violences et incivilités. On désigne par là des conduites aussi exaspérantes que fréquentes, à la frontière de la délinquance, mais qui échappent aux sanctions pénales et aux statistiques (...); Le travail policier doit évoluer en conséquence : la pyschologie et par conséquent, la formation comptent plus encore que la technologie. Le lien de la police avec la population est essentiel, il faut être familier avec les quartiers.
L'image de la police et son efficacité en dépendant. L'îlotage pédestre est nécessaire. Il ne suffit pas (...). [La police de proximité] implique une capacité à discuter avec les habitants pour définir au plus juste ce qui doit être réprimé et ce qui doit être toléré".
La police de proximité a été d’abord expérimentée en 1999 à 26 départements puis étendue à toute la France. Si elle n’a pas réglé totalement les problèmes réels d’insécurité qui existaient, elle a aussi contribué à assombrir la situation pour le gouvernement, dans la mesure où elle a participé à un retour des Français vers les commissariats, plus enclins à déposer une plainte, forts de cette nouvelle confiance établie avec la police, y compris pour des faits mineurs. La police de proximité avait commencé à faire ses preuves lorsqu’elle a été brutalement interrompue par le retour de la droite en 2002. Elle devait être améliorée, notamment en matière d’accès à la police nuit et jour, de meilleure association avec des unités spécialisées dans la lutte contre le banditisme et avec les brigades anti-stupéfiants. Le « parachutage » de recrues trop jeunes et trop peu expérimentées a peut-être aussi généré une efficacité moins évidente à court terme. Mais pourquoi fallait-il tout supprimer, tout rayer d’un trait de plume, simplement pour faire plaisir à l’ego d’un Ministre déjà candidat, trop content de pouvoir idéologiser le thème sécuritaire à outrance ?